Section PCF RATP

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Assemblée du 22 septembre 2017 - Rapport introductif

Cher-e-s camarades,

 

Notre AG se déroule en pleine mobilisation contre le projet de casse du Code du travail. Le premier objet de ce rapport sera évidemment relatif au mouvement qui se développe. Il nous faut en effet bien en apprécier toutes les potentialités, voir comment nous pouvons l’aider à grandir encore, et analyser également comment, à partir de ce mouvement, nous pouvons faire avancer le rassemblement autour d’une alternative politique à gauche. Ce qui m’amènera à faire un point sur la situation politique.

Mais ce n’est pas la seule question qui est à l’ordre du jour de cette AG. Nous avons en effet en perspective notre Congrès de section prévu le 10 novembre, et au-delà le Congrès national exceptionnel du PCF qui est programmé au printemps prochain. Je consacrerai donc la deuxième partie de mon rapport introductif à ces échéances et à leur préparation.

Il y aurait aussi beaucoup de choses à dire sur la situation internationale, mais je ne l’évoquerai pas pour ne pas être trop long. Je vous renvoie au compte-rendu de la réunion du dernier Conseil national, et aussi à la session de formation que nous avons programmée sur ce thème le 20 octobre et qui sera animée par notre camarade Lydia Samarbakhsh, responsable nationale du Parti sur ces questions.

 

 

La mobilisation contre les projets de Macron et le rôle des communistes

 

Le pouvoir macronien n’a pas tardé à révéler sa vraie nature : ultra-libéral et autoritaire. Ses premières mesures confirment qu’il est entièrement dédié aux intérêts de la haute finance, avec l’objectif d’un transfert massif de richesses à son profit : c’est le sens de la baisse des APL, de la hausse de la CSG, des cadeaux fiscaux qui bénéficieront avant tout aux plus aisés, du gel des salaires des fonctionnaires, mais aussi de l’annonce de 10 milliards de nouvelles privatisations, et évidemment du projet central et emblématique qu’est la deuxième loi travail, préparée dans le secret des ordonnances.

On sait que déjà, d’autres mauvais coups se profilent :

  • La réforme des retraites, où il ne s’agit pas seulement d’en finir avec les régimes spéciaux comme le nôtre ou celui des cheminots, mais de changer complètement la nature du système. Derrière la fin des cotisations sociales et la mise en place d’une retraite par points qui conduira à une baisse importante du niveau des pensions, l’objectif réel est de favoriser le recours à la retraite par capitalisation, ouvrant ainsi un peu plus le secteur de l’assurance vieillesse aux assurances privées.

  • Des mesures sont en préparation sur la formation professionnelle et sur l’assurance maladie, mais aussi sur le logement, l’éducation, l’avenir des communes. Toutes sont inspirées par la même logique : favoriser les profits, diminuer les droits des salariés, remettre en cause les principes d’égalité, réduire les budgets publics, privatiser.

  • La démocratie est aussi visée. C'est le sens de la réforme du Parlement qui diminuera le nombre et les moyens des députés. Quant à la loi sur la sécurité intérieure, elle vise à perpétuer l’état d’urgence en donnant à l’Etat des moyens de répression qui pourraient le cas échéant être utilisés pour contrer les luttes sociales.

Comme beaucoup l’ont souligné, c’est l’ensemble du modèle social français qui est visé. En effet, toutes ces réformes dessinent le visage d’une société éclatée, profondément inégalitaire et faisant la part belle à l’individualisme, avec plus de pauvreté et d’insécurité pour le plus grand nombre, au bénéfice exclusif de la petite caste des actionnaires du CAC40, les 1% qui, pour reprendre l’expression d’un ancien Ministre, « s’enrichissent en dormant » sur le dos du travail des autres.

 

En même temps, ne perdons surtout pas de vue que Macron et sa bande ont été élus par défaut et que leur politique n’a pas le soutien d’une majorité du peuple. S’il veut aller vite dans les réformes, n’est-ce pas d’ailleurs parce qu’il sait que sa marge de manœuvre n’est pas extensible dans le temps ? A peine 4 mois après son élection, il se retrouve très bas dans les enquêtes d’opinion. Malgré le soutien dont il bénéficie de la part des médias dominants, la vérité commence à émerger quant au sens réel de ses orientations. Le mépris de classe qui transparaît dans ses propos (« ceux qui ne sont rien », les « illettrés », les « fainéants extrémistes ») contribue à cette prise de conscience. Sur la réforme du Code du travail, il voulait isoler la CGT, mais c’est lui qui se retrouve seul avec aucun soutien à son projet côté syndicats.

Les journées du 12 et du 21, comme le succès de la Fête de l’Huma ont permis de créer une base de mobilisation qu’il faut maintenant chercher à élargir. A la RATP, le nombre de grévistes est faible, mais la participation aux manifestations a été notable et grandit.

 

La conduite du mouvement contre la loi travail est évidemment de la responsabilité des syndicats, mais le PCF a aussi en tant que tel un rôle déterminant à jouer sur le front des idées.

Que devons-nous dire aux salariés de la RATP ? Plusieurs choses à mon sens :

  1. Les ordonnances nous concernent directement. A travers toute une série de dispositions (les facilités données aux entreprises pour modifier le contrat et les conditions de travail, la généralisation du CDI de chantier favorisant le recours à des précaires dans l’ingénierie, la définition plus restrictive du travail de nuit et la baisse de sa rémunération qui s’ensuivra, la fusion des IRP, le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif), la direction de la RATP va bénéficier de nouveaux moyens pour accélérer sa politique de productivité contre les personnels tout en leur ôtant des moyens pour se défendre.

  2. Si Macron gagne sur le Code du travail, il sera en position de force sur ses autres projets. Il faut donc le stopper tout de suite. Nos retraites, c’est maintenant que ça se joue.

  3. Ce n’est pas le Code du travail et les droits des salariés qui sont responsables du chômage. Au contraire, cela fait 30 ans qu’on aligne les réformes favorables au MEDEF (de la suppression de l’autorisation administrative de licenciement à la loi El Khomri) avec le résultat inverse aux promesses en termes d’emploi. En revanche, l’abaissement des droits des salariés et le renforcement des pouvoirs patronaux ont favorisé le transfert des richesses du travail vers le capital, creusant les inégalités et créant une bulle financière dangereuse, 10 fois plus importante qu’en 2008.

  4. C’est un choix de société fondamental qui est en jeu. La vision de Macron, c’est soumettre toujours plus les travailleurs aux exigences de la mondialisation capitaliste et de la compétitivité, en les transformant en pions flexibles et jetables. Faire du neuf, c’est au contraire libérer la société de ces entraves, remettre le progrès social au centre de son développement et permettre l’émancipation et la maîtrise par les travailleurs du contenu et du sens de leur travail. Le PCF avance trois propositions phares pour cela : la création d’une sécurité d’emploi et de formation ; le passage aux 32 heures ; et l’octroi de pouvoirs de décision aux salariés.

  5. Il faut arrêter de confondre intérêt de l’entreprise et intérêt des actionnaires. Une entreprise, c’est d’abord ceux qui y créent les richesses, les travailleurs. On ne parle que du coût du travail, parlons plutôt du coût du capital, des dividendes versés aux actionnaires et des intérêts aux banques. La France est le pays développé où les prélèvements du capital sur la valeur ajoutée sont les plus élevés : n’est-ce pas là la principale raison de ses difficultés économiques ?

Plusieurs de ces idées étaient déjà au centre du « Ça roule » de rentrée. Il nous faut continuer à creuser ce sillon, peut-être dans un nouveau numéro du journal. A l’AG de cet après-midi de décider.

 

Dans la période à venir, notre tâche de communistes est de faire la lumière sur la nature de classe du pouvoir macronien et sur le type de société qu’il dessine, d’y opposer nos propositions, et de travailler à reconstruire sur ces bases une perspective de changement. Le mouvement populaire doit en effet sortir d’une posture où il se contente de réagir aux coups de l’adversaire. Pour reprendre le dessus, il a besoin de s’assigner des objectifs positifs, avec un nouveau projet pour la France qui s’inscrive dans une démarche globale en convergence avec les forces progressistes de la planète.

La mobilisation contre la loi travail et la construction d’une telle alternative politique ne sont pas deux questions séparées ; ce sont deux aspects indissociables de la même question. En effet, sans lutte contre la politique de Macron, la question de l’alternative ne se poserait pas avec la même force. Et, à l’inverse, la mobilisation contre le projet du gouvernement sera d’autant plus large et puissante que grandira l’idée qu’une autre conception du travail et de l’emploi est possible. Or, sur ce terrain, c’est le Parti communiste qui avance les idées les plus novatrices. Faire entendre sa parole est donc une condition de la réussite de la lutte en cours.

 

 

La situation politique : où en est-on ?

 

Les élections de mai-juin dernier ont marqué la fin d’un cycle ouvert en 1981 avec l’élection de Mitterrand. Nous sommes clairement entrés dans une nouvelle période politique marquée par des recompositions d’ampleur.

 

A droite, L. Wauquiez est favori pour prendre la tête des Républicains. Si elle se confirme, cette élection traduirait un ancrage sur des positionnements qui pourraient ensuite permettre un rapprochement avec le FN.

Ce dernier, handicapé par son échec aux législatives avec seulement 8 députés, est en difficulté, comme à chaque fois que les questions sociales reprennent le dessus. Les uns et les autres ont bien du mal à s’affirmer comme l’opposition à Macron. Et cela, c’est déjà un acquis de la mobilisation contre la loi travail : en remettant au premier plan les enjeux de classe, elle a coupé l’herbe sous le pied à ceux qui veulent imposer une lecture de la société fondée sur des divisions ethniques ou religieuses.

 

A gauche, le PS est toujours plombé par son refus de rompre avec son ralliement au libéralisme. EELV se cherche. Quant à Hamon, il faudra voir si le mouvement qu’il a lancé est capable de décoller.

De son côté, la FI poursuit sur la ligne fixée par Mélenchon : désir d’incarner l’opposition à Macron, mais de façon hégémonique et exclusive, en refusant toute alliance et en assumant un positionnement populiste où on ne se réclame plus de la gauche et du marxisme, mais « du peuple » contre « les élites », le tout couplé avec une hostilité très marquée à l’égard du PCF et une volonté claire de nous réduire. Cette orientation pose évidemment problème, et ce n’est pas un hasard si les médias (dont l’essentiel est aux mains de la haute finance) mettent sans cesse en avant Mélenchon en lui conférant un statut d’opposant officiel. Cette ligne peut séduire, mais parmi ses électeurs d’avril, une partie commence à prendre ses distances, beaucoup sentant bien qu’aucune perspective ne peut voir le jour s’il n’y a pas d’union à gauche.

Dans ce contexte, notre volonté d’un rassemblement qui vise large (communistes, insoumis, socialistes authentiques, écologistes de gauche, et autres forces attachées aux valeurs de progrès) et qui respecte les identités de chacun correspond à ce qu'attend la majorité de l'électorat progressiste. Notre difficulté, c’est de passer la barrière du boycott médiatique. Ce n’est pas qu’un problème posé au niveau national ; il nous faut aussi réfléchir à ce que nous pouvons faire sur notre périmètre pour que la parole des communistes soit davantage entendue, notamment sur les réseaux sociaux. Bertrand présentera tout à l’heure quelques propositions dans ce sens.

 

 

Le Congrès de notre section, le Congrès national du PCF et leur préparation

 

Notre mobilisation doit aller de pair avec une intense réflexion sur notre parti, sa place, son rôle, ce qu’il doit changer, de façon parfois radicale, pour retrouver une influence dans la société française d’aujourd’hui et se renforcer. C’est évidemment indispensable après le grave recul électoral que nous avons subi, même s’il faut se féliciter que nous ayons pu conserver un groupe à l’Assemblée nationale (pour le Sénat, les élections ont lieu ce dimanche).

 

Comme nous le souhaitions dans notre section, le Conseil national qui s’est tenu fin juin a décidé la tenue d’un Congrès extraordinaire du Parti au printemps 2018.

Les choix que nous ferons lors de ce congrès devront être le fruit d’une réflexion individuelle et collective qui permette à chaque adhérent de se sentir concerné et impliqué, ce qui est la condition première pour que les décisions que nous prendrons rentrent effectivement dans la vie. Pour y travailler, la direction nationale a élaboré un document de consultation des adhérents pour que chacun puisse s’impliquer directement dans ce travail collectif. Cette consultation comprend 4 questions : le sens et l’actualité du combat communiste ; le bilan de notre démarche politique et la manière dont nous devons la conduire dans les années à venir ; les transformations auxquelles le PCF doit procéder ; l’agenda et la méthode de préparation du Congrès lui-même. Cette consultation aboutira à la définition de l’ordre du jour et du déroulement du Congrès lors d’une Assemblée nationale des animateurs de section qui se tiendra le 18 novembre.

Auparavant, une assemblée ouverte à tous les communistes parisiens est organisée par la Fédération le samedi 7 octobre après-midi. Chacun-e de nous y est donc convié-e.

Notre section doit évidemment s'impliquer pleinement dans la préparation de ce congrès. Le questionnaire a été envoyé par mail aux adhérents qui sont invités à le remplir sur internet (pour ceux qui n'ont pas de mail, nous allons l'envoyer par courrier avec le prochain bulletin mensuel de liaison). Mais on peut faire plus, et par exemple décider aujourd’hui d’une contribution écrite de notre section au débat, à partir de nos échanges. Si l’AG reprend cette suggestion, on pourrait mandater deux camarades pour la rédiger. Sur quelles bases ? A l'assemblée de juin, nous avons déjà avancé des pistes sur ce que le parti doit faire. Une des idées fortes évoquées est la nécessité de mettre davantage en avant notre projet de société ; parce que le rassemblement ne peut se bâtir que sur des contenus, et que l'apport communiste est indispensable si on veut que les réponses que portera la gauche demain soient à la hauteur des défis posés. Le besoin de déplacer le centre de gravité du parti vers les lieux de travail pourrait être un autre axe de cette contribution. Mais ce ne sont là que des propositions à débattre.

 

Mais avant ce Congrès national prévu l’an prochain, nous tiendrons un Congrès de section le vendredi 10 novembre sur l’après-midi, ici même. Je rappelle que c’est une décision prise de longue date, dans le but d’élire un nouveau Secrétaire de section.

Mais nous n’allons pas faire que cela à ce congrès. Le Comité de section propose qu’on en profite pour avoir une discussion politique approfondie sur la situation et sur le parti, donc qu’en quelque sorte on pose les premiers jalons de la préparation du Congrès national de 2018, et aussi qu’on discute d’un plan de travail spécifique pour ce qui concerne notre section. Nous élirons ensuite un nouveau Comité de section avec le nouveau Secrétaire, et la Commission de Contrôle Financier. Le Comité de section sortant a discuté et proposera sans doute quelques changements à cette occasion dans le but d’élargir la direction de section à de nouveaux camarades. Enfin, on pourrait terminer cette journée par un moment convivial tous ensemble dans un restaurant. L’AG d’aujourd’hui est invitée à donner son avis sur ces différents points.

 

 

Quelques mots d’information pour finir sur la vie de la section

 

Mickaël nous donnera les éléments du bilan de notre stand à la Fête de l’Huma.

 

J’ai beaucoup parlé de la loi travail, mais nous sommes engagés dans la section RATP sur d’autres fronts :

  • Il y a le T9, où notre objectif est de conserver cette ligne (hier de bus, demain de tramway) dans le giron de la gestion publique, donc avec une exploitation par l’EPIC. Nous avons pris contact avec Pascal Savoldelli pour aboutir à une prise de position conjointe des Maires concernés pour empêcher tout appel d’offres.

  • Il y a le projet de refonte du service en gare et en station, qui vise à réduire fortement les effectifs de SEM et se traduirait par une désertification du réseau. Nous avons tenu à la Fête une rencontre avec Jacques Baudrier, élu au STIF, pour coordonner lutte syndicale et intervention politique avec l’objectif de faire capoter ce projet. Un vœu sera déposé au STIF lors du Conseil du 3 octobre, et une délégation d’agents est prévue ce jour-là, pour se faire entendre des médias sur ce dossier.

  • Il y a aussi les Assises de la Mobilité lancées par le gouvernement, qui doivent déboucher sur une loi d’orientation des transports début 2018. Il s’agit notamment d’empêcher que cette loi ne serve à accélérer la libéralisation du secteur et la privatisation des entreprises publiques. Là aussi, nous devons travailler de façon coordonnée avec les structures du Parti et nos élus.

  • Dernier sujet d’importance : les Jeux Olympiques de 2024 qui ont donc été attribués à Paris. Une rude bataille va s’engager sur les conditions concrètes de leur tenue, mais aussi sur l’héritage qu’ils laisseront pour notre Région, avec des enjeux forts sur l’emploi, le logement, l’urbanisme, les infrastructures, la pratique du sport. La question des transports occupera une place importante dans l’organisation de ces Jeux ; il faut donc qu’on s’en empare.

 

Enfin, je rappelle que nous avons décidé de reprendre un cycle de formations thématiques. La première s’est tenue ce matin avec Denis Durand sur « l’alternative communiste à la loi travail ; la sécurité d’emploi et de formation ». La prochaine que j’ai déjà mentionnée est donc programmée le 20 octobre sur le thème « Transformer la mondialisation ; le projet et l’action internationalistes du PCF ». Deux autres sont prévues : « Comment reprendre le pouvoir sur l’argent ? » avec Denis Durand à partir de son livre, et « Changer l’Europe » avec Francis Wurtz.

 

Et maintenant, place à la discussion !