Section PCF RATP

Section PCF RATP
Accueil
 
 
 
 

Assemblée du 9 mars 2018 - Rapport introductif

La période que nous venons de vivre depuis notre AG de janvier est riche en attaques et en mobilisations dans beaucoup de secteurs. La politique macronienne continue de faire de graves désastres sociaux et économiques, entre autres. Les services publics sont remis en causes, les retraites baissent... de l’autre côté, des résistances s’organisent. Petit tour d’horizon de batailles et de luttes emblématiques :

 

Tout d'abord, comment ne pas parler du sort réservé à la SNCF, où la méthode et le fond sont très représentatifs de l’exercice du pouvoir par Macron et de sa stratégie.

Dans un premier temps, le gouvernement a choisi de commander un rapport à Spinetta, l’ancien patron qui a liquidé Air France en son temps et qui en toute logique livre un rapport décapant sur la SNCF.

Il annonce un scénario catastrophe pour le transport ferroviaire public et propose pas moins de 43 mesures contre le service public et l'entreprise nationalisée : la fin du statut pour les nouveaux entrants, des plans de départs volontaires pour les autres… Les cheminots sont clairement mis à l'amende ; la SNCF pourra désormais embaucher des jeunes sous-payés, malléables à merci et entrant désormais dans le cadre du Code du Travail redessiné il y a quelques mois par Macron.

Le rapport s'appuie aussi sur la dette de la SNCF. Une dette de 45 milliards d'€, en grande partie dû au tout TGV, vitrine de la SNCF, choix stratégique d’investissement au détriment des petites lignes de campagne, que Spinetta veut finir de détruire.

Dans la foulée de la publication de ce rapport, le gouvernement a lancé le 26 Février la réforme de la SNCF. Il est utile d’en analyser la forme :

  • Comme à son habitude, il compte mener cette réforme de manière express et autoritaire, en utilisant les ordonnances, tout en disant qu’il cherche le « consensus » avec les syndicats. Un consensus qui n’aura lieu que si les syndicats acceptent mot pour mot le texte du gouvernement. C'est évidemment un pur chantage !

  • Pour paraitre plus mesuré que le rapport Spinetta, il bloquera bien le recrutement au statut de cheminot "à l'avenir" mais refuse de s'attaquer aux petites lignes, faisant mine d’écouter les avertissements des maires des villes desservies par ces dernières.

  • En parallèle, le même « débat » de toujours est relancé dans l’opinion publique et les media sur les supposés « avantages et privilèges » liés au Statut. Débat ironique puisque la réforme ne va pas s’attaquer aux avantages du Statut (que les cheminots actuels vont conserver) mais directement au Statut (qui va purement et simplement disparaître à moyen terme).

Ce dernier point en particulier nous démontre bien qu’il s’agit d’une bataille idéologique. Si le problème fondamental était budgétaire, avec le financement des avantages liés au Statut, pourquoi ne pas tenter de les supprimer mais conserver le statut et les obligations qu’il implique plutôt que de le supprimer ? Cela démontre que l’objectif principal, non avoué mais clairement assumé est bel et bien le changement des contrats des personnels, certainement pour faciliter ensuite un transfert de l’entreprise sous statut privé et finaliser ainsi le dépeçage et la privatisation complète. Dans la droite ligne de La Poste ou EDF/GDF, cette casse du « dernier totem » au dire même des divers politiques, analystes et journalistes qui veulent la peau de la SNCF, ouvrira si elle a lieu, la voie à la privatisation et donc la fin des derniers îlots de structures publiques dans la jungle libérale. Le statut des fonctionnaires ou des personnels RATP seront les 2 dernières structures principales à détruire.

Le mépris des salariés en général, des personnels sous statuts et des fonctionnaires en particulier, bref de toutes celles et ceux qui produisent et contribuent au développement du pays, est de plus en plus manifeste.

 

Le secteur de la santé est également un bon exemple de ce mépris de classe. Dans les EHPAD, plusieurs milliers de personnes (personnels des maisons de retraite, familles de résidents, retraités) ont participé à des rassemblements organisés dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour s'occuper « dignement » des personnes âgées. Malgré les 50% de la redevance totale restant à la charge des résidents (environ 1758 € en moyenne) ces derniers ont du mal à la solder avec leurs maigres pensions de retraite (environ 1 376 € mensuels).

Le personnel gréviste a voulu exprimer son ras le bol des sous-effectifs. Les exemples à 6 ou 8 professionnels de santé, voire 2 la nuit, pour s'occuper de plus d’une centaine de résidants ne sont pas rares. Le personnel n’est plus en condition de donner un traitement digne aux personnes âgées ; ces salariés sont épuisés et dénoncent la perte de sens de leur métier avec une déshumanisation énorme, sans compter les rémunérations très faibles. Pourtant, une chambre coûte de 3000 à 5000 € mensuels. Les 50 millions d'euros annoncés de rallonge budgétaire sont une goutte d’eau et ne représentent au final que 8000 € par établissement.

 

Les maternités non plus ne sont pas oubliées. L’exemple d’Oloron Sainte-Marie est frappant : l'agence nationale de santé des Pyrénées-Atlantiques prive les femmes d'un service de proximité avec la fermeture de la dernière maternité. Les habitantes d'Oloron devront alors se rendre à Pau (45 minutes de trajet minimum). Le centre de périnatalité qui subsistera ne reprendra que 5 personnes sur les 16 de la maternité. L'ARS a assuré au personnel restant qu'il serait rémunéré "en attendant que tout s'arrange", c’est dire le niveau de préparation et d’anticipation de ces fermetures tous azimuts.

L'assistance publique prévoit justement une réforme en profondeur, mais loin de régler ces problèmes criants, elle ne risque que de les amplifier puisqu’elle a pour seul et unique objectif l’économie d’1.6 milliards d’euros. Manque d'effectifs et cadences infernales ne vont donc que s’accentuer et aggraveront des conditions de travail déjà très dégradées. La comptabilité des soins implique de longues heures d'attente aux urgences jusqu'à 9h quelquefois et les urgentistes sont vent debout contre le management vécut dans leurs services. Allons-nous encore subir une rigueur financière des soins et céder une nouvelle partie des soins publics aux cliniques privées ?

 

Tous ces éléments, ajoutés au mouvement des personnels pénitenciers, au scandale de Lactalis ou encore à l’absence de coordination pour empêcher une paralysie des transports lors des épisodes neigeux viennent compléter le tableau et sont l’illustration de pouvoirs publics et de services de l’Etat dans une situation d’extrême délabrement, par manque d’investissement mais aussi par volonté délibérée de ne pas reprendre la main sur l’économie par respect du sacro-saint dogme libéral.

Un dernier exemple avec Carrefour qui va supprimer 2400 postes via un plan de départs volontaires, alors que le résultat net en 2016 est de 1031 M€. Loin d’une quelconque éthique, la recherche du profit est l’unique obsession des dirigeants comme l’affirme clairement le pdg de carrefour : « L’enjeu qui se présente à nous est donc de transformer en profondeur notre groupe pour que la richesse, le nombre et la diversité de ses actifs révèlent leur valeur » #Carrefour2022 pic.twitter.com/NGGD9LBhsS

 

D’un côté un secteur public aux abois, avec de moins en moins de moyens, des personnels de plus en plus précaires et mal considérés et des privatisations de fait ou rampantes, et de l’autre, un secteur privé immoral qui pressurise tout autant, voire plus, ses personnels avec un seul et unique objectif de rentabilité financière, à très court ou moyen terme suivant les investisseurs, qui pour information ont encaissé 42,7 milliards d'€ en 2017. Voilà le cadre dans lequel notre action politique se développe.

 

Face à cela et en réaction à cette situation, des mouvements existent d’ores et déjà. En ce sens, les manifestations du 22 Mars vont réunir des personnels de tous les secteurs publics à l’appel des syndicats de la SNCF bien sûr mais aussi des divers syndicats de la fonction publique. Notre présence dans les cortèges est indispensable.

Notons que les personnels des EHPAD, les travailleurs sociaux et les retraités seront eux dans la rue dès le 15 mars.

 

Le succès de ces mobilisations et des luttes qu’ils symbolisent, est fondamental, mais il ne sera pas suffisant bloquer tout seul ces projets. La riposte aux projets de Macron n’est malheureusement pas entre les mains des seuls syndicats.

Soyons conscients que la bataille qui s’ouvre, à l’image des dernières, ne peut pas se résumer à une guerre de chiffres : comme pour la bataille contre les lois Travail, peu importe qu’il y ait un ou plusieurs millions de personnes dans les rues et que les sondages donnent raison à tel ou tel camp, si à côté de cela n’émerge pas, dans les populations, une volonté et une forte demande d’un autre modèle de société. C’est ce qui a manqué pour les lois Travail (celle d’Hollande n’a non seulement pas été révisée, mais elle aura même été prolongée par le gouvernement suivant).

Dit autrement et un peu brutalement, peu importe une mobilisation syndicale d’ampleur si dans les têtes d’une majorité de Français, le modèle libéral continue à être le seul viable et souhaitable. En effet, si n’émerge pas en face un autre projet sur des bases radicalement différentes, les réformes libérales l’emporteront tôt ou tard, largement et durablement, tout simplement par manque d’un projet adverse crédible, et ce, quel que soit le nombre de travailleurs et de citoyens opposés à la réforme et les manières dont ils le montrent.

Cela nécessite qu’à côté du combat syndical monte une exigence politique forte d’un autre modèle de service publique. C’est là, entre autres, le rôle du PCF et des autres forces politique de gauche. Notre objectif n’est pas de défendre le statu quo avec des services publics qui ne sont pas à la hauteur de la période historique de crises que nous connaissons, mais bien de les développer largement. La situation actuelle ne nous satisfait pas plus qu’elle ne convient aux populations, aux salariés ou aux agents qui les utilisent ou les font vivre.

 

La première partie de ce rapport le montre, les exigences et les besoins des populations sont forts, mais, dans le même temps, les défaillances du système privé et de services publics sous-financés sont tout aussi fortes, que ce soit au niveau de la protection sociale, des soins, des transports, de l’éducation ou de la prise en charge de nos aïeux.

Les populations et notamment les jeunes générations sont même en train d’assimiler qu’elles vivront moins bien que les générations passées, alors que notre société n’a jamais produit tant de richesses et n’a jamais été autant qu’aujourd’hui en mesure de répondre aux besoins, technologiquement parlant.

Ne cachons pas notre ambition, elle n’est pas de prolonger tant bien que mal un système mixte collectif/libéral en fin de vie, mais bel et bien de reconstruire un système 100% collectif, conquérir de nouveaux droits et rebâtir un service public digne de ce nom, et cela passe à la fois par une renationalisation de nombreux secteurs clés de l’économie (et particulièrement du secteur bancaire avec la constitution d’un pôle public bancaire), par un recrutement massif de fonctionnaires et d’agents dans les entreprises et fonctions publics en manque de personnels, par un arrêt des externalisations, sous-traitance en cascade, etc…

N’ayons pas peur d’expliquer aux populations que nous ne voulons pas seulement sauver les services publics existants mais les rendre plus efficaces, les développer et en créer de nouveaux !

C’est notamment le sens des 2 autocollants que le comité de section vous propose de valider pour la manif du 22 et qui pourront servir au-delà. Ils nous permettront de nous identifier dans notre cortège syndical, où nous pourrons d’ailleurs diffuser le matériel du Parti qui reprend les propositions d’un redéploiement du service public.

Plus que de s’opposer à des réformes rétrogrades, montrons que d’autres choix sociaux-économiques sont possibles et bien plus satisfaisants que la jungle libérale qu’on nous impose.

C’est aussi le sens du Ça Roule sur les retraites qui a été diffusé le mois dernier et du livret Retraites qui est en préparation, ou encore de notre initiative avec Fadwa Khader tenue ce Mardi 6/3 au Centre BUS d'Ivry autour de la question de la paix au Proche-Orient.

Notre action doit être guidée et se concentrer sur la volonté systématique de présenter nos propositions et notre programme plutôt que de simplement dénoncer ce que les capitalistes font mal. Si nous voulons redevenir une force référente dans les populations, il est indispensable que nous soyons à nouveau identifiés comme une force de propositions, et de propositions d’un modèle qui donne envie.

 

C’est la transition parfaite pour parler du Congrès de notre Parti qui arrive en Novembre. Nous avons souvent, ici même, dénoncé et demandé que notre direction nationale soit plus offensive pour que notre Parti soit force de propositions. Nous avons également réclamé une meilleure anticipation nationale des campagnes, notamment électorales.

Ce Congrès revêt une importance majeure à plusieurs titres : alors que nous peinons à diffuser clairement nos idées, que notre organisation et notre efficacité collective posent question, après un cycle présidentielles/législatives qui a vu notre effacement quasi-total, une période où les alliances à gauche sont à repenser entre un PS clairement affaibli (idéologiquement et numériquement) et une FI ouvertement hostile à tout rassemblement, avec une radicalisation de la droite et une montée des fascismes en Europe, etc…

Le Congrès extraordinaire sera l’occasion de repenser tout ça. Des contributions, individuelles ou collectives peuvent être rédigées, comme c’est le cas de celles rédigées par notre comité de section en Novembre dernier sur la période électorale passée, ou celle sur les Européennes à venir. Un grand nombre de contributions ont déjà été rédigées et sont disponible sur le site du Congrès (congres 2018.pcf.fr).

Une contribution a particulièrement fait parler d’elle : elle est co-signée par un large groupe de jeunes cadres de notre Parti de diverses fédérations dont Igor Zamichei, secrétaire de la fédération de Paris, Ian Brossat, élu au Conseil de Paris ou Anne Sabourin, en charge des questions européennes au CN. Dans la droite ligne de ce qui a pu être dit ici, elle réclame une meilleure coordination de notre action nationale et une plus grande visibilité de notre Parti.

Ces contributions alimentent le débat, permettent l’échange et développent la réflexion préparatoire aux divers ateliers nationaux mais aussi fédéraux organisés, comme ça a été le cas à Paris avec un premier atelier en janvier sur les enjeux européens, ou ce mercredi 7/3 sur l’actualité des luttes et du combat communiste. Un prochain intitulé « Démarche de transformation et Rassemblement » aura lieu le 23 Mars et un autre sur les « Transformations du Parti » le 11 Avril.

Les comptes-rendus de ces ateliers, et ceux similaires organisés dans d’autre fédérations, au même titre que celui des Etats Généraux du Progrès Social ou des Etats Généraux du Numérique organisés par notre Parti serviront à rédiger la base commune utilisée pour le Congrès.

 

Concernant les Européennes, le CN de ce mois-ci tranchera diverses questions centrales dont les suivantes :

1) Une orientation générale : ni accélération néolibérale, ni nationalisme, mais plutôt « L’humain d’abord, pas la finance ». 2) Des axes de luttes pour la campagne. 3) Des objectifs concrets (identification de nos idées, un pourcentage de voix, élection d’eurodéputés communistes indispensables au rassemblement politique des forces progressistes dans le Parlement européen). 4) Une offre de rassemblement à partir des luttes et de l’analyse concrète des résultats des bilatérales avec les forces de gauche, avec pragmatisme et sans posture. 5) 4 chefs de file communistes (paritaires) en pensant le quatuor comme un ensemble permettant d’incarner notre message.

L’objectif général étant encore une fois de montrer la cohérence d’un projet international avec d’autres forces progressistes européennes, capable d’être force de contre-propositions à l’Europe ultra-libérale qui s’est construite ces dernières décennies et sert de prétexte aux gouvernements nationaux pour appliquer des politiques libérales sans en assumer les responsabilités.

 

Voilà quelques éléments pour certains des principaux sujets qui peuvent nous intéresser aujourd’hui. Je vous laisse y réagir que ce soit sur les objectifs du gouvernement, les luttes qu’ils provoquent, nos possibilités d’actions, notre Congrès à venir ou les Européennes de l’année prochaine.

A vous la parole !