Section PCF RATP

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Discours au repas des retraités - Fête de l'Huma 2018

Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à vous et à votre Union Syndicale des Retraités CGT. Cette année encore, nous sommes heureux de vous accueillir comme c’est de tradition sur le stand de la section des communistes de la RATP.

 

16 mois après son élection, la cote d’Emmanuel Macron dans l’opinion est au plus bas. Le voile de ses promesses de nouveau monde s’est déchiré et il apparaît aujourd’hui pour ce qu’il est en réalité : le Président des super-riches et le fondé de pouvoir du grand capital, celui qui méprise ce peuple de « Gaulois réfractaires » et se rêve comme un nouveau monarque.

C’est bien à une politique de classe que nous avons affaire. Avec la multiplication de cadeaux aux plus fortunés et de mauvais coups pour les plus modestes. Mais également avec une série de réformes visant à remodeler en profondeur la société française pour répondre aux exigences du capitalisme mondialisé : un Code du Travail taillé sur mesure pour le patronat, un système éducatif livré à la sélection sociale et à la mise en concurrence, l’étranglement financier et le regroupement autoritaire des collectivités territoriales, la vente sur le marché des actifs de l’Etat, et j’en passe...

Avec un tel traitement de choc, la France va-t-elle mieux ? Non, c’est même tout le contraire : le chômage et la précarité augmentent, l’industrie recule, le déficit commercial se creuse.

 

Les retraités sont parmi les principales victimes de cette thérapie de choc. Désindexation des pensions de retraite par rapport à l'inflation et revalorisation repoussée d'octobre à janvier, hausse de la CSG, baisse des APL : Faut-il s’étonner si la pauvreté frappe une frange de plus en plus importante des personnes âgées ? Et peut-on être surpris de la baisse du PIB lorsque l'on traite ainsi 17 millions de consommateurs ?

 

La grande question qui se pose en cette rentrée, c’est de savoir si ensemble nous allons pouvoir mettre Macron en échec sur ses projets.

Après l’affaire Benalla et la démission de Nicolas Hulot, le rapport des forces n’est plus aussi favorable pour le pouvoir en place. Le mécontentement et le rejet à son égard grandissent. Mais ils ont besoin d’une perspective de changement de cap claire et crédible, faute de quoi ils profiteront à la droite et à l’extrême-droite. N’est-ce pas ainsi que Trump, ce milliardaire ultra-réactionnaire qui menace la paix, s’est fait élire aux Etats-Unis, en se présentant comme l’opposant au monde de la finance, alors qu’il en est pourtant lui-même issu ? En Europe, on voit dans plusieurs pays les nationaux-libéraux se poser en alternative à l’ultra-libéralisme en surfant sur le rejet de ce dernier par les peuples. C’est le même danger qui guette la France, avec le rapprochement idéologique entre Wauquiez et Le Pen.

Si l’on veut éviter à notre peuple ce mauvais scénario, il faut que les forces progressistes soient capables d’incarner une alternative qui réponde aux attentes.

Mais il faut dire les choses comme elles sont. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Victime du ralliement du Parti socialiste aux thèses libérales et des déceptions qu’il a causées, la gauche française est profondément affaiblie et divisée.

Il y a un paradoxe entre ce constat et la crise toujours plus profonde dans laquelle le capitalisme entraîne notre planète. Inégalités qui explosent, reculs sociaux, sacrifice de l’environnement, crise de la démocratie, multiplication des conflits et des tensions : ce système fait chaque jour la démonstration de son incapacité à donner un avenir à l’humanité. Jamais le besoin d’inventer un autre modèle de société n’a été aussi fort. Tel est le défi à relever. Tel est aussi le principal sujet au cœur du congrès que les communistes préparent et qui se tiendra dans deux mois.

 

Ouvrir une perspective suppose le rassemblement de toutes les forces progressistes qui sont aujourd’hui dispersées. Nous croyons fermement que c’est possible. A deux conditions :

  • Il faut que la volonté d’union et le respect de chacun l’emportent sur les tentations hégémoniques.

  • Et il faut aussi que se dégagent les éléments d’un projet commun qui évite toute démagogie et s’attaque réellement à la racine des problèmes. Nous pensons ainsi qu’il y a des exigences incontournables à poser : Celle du pouvoir des salariés dans la gestion des entreprises, celle du contrôle des citoyens sur l’argent, celle d’une réorientation radicale de la construction européenne, celle d’un nouveau type de développement plus durable, celle d’une nouvelle République plus démocratique, celle d’un changement de fond de la politique étrangère de la France.

 

L’an prochain, l’élection européenne du 26 mai constituera le premier scrutin depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Elle aura donc un double enjeu : la composition du Parlement européen, mais aussi le rapport des forces politiques en France.

Les communistes ont souhaité et agi pour que la gauche (la vraie) se présente unie à cette élection, mais ce ne sera vraisemblablement pas le cas, même si nous allons poursuivre nos efforts dans ce sens. L’électorat progressiste aura donc le choix entre différentes listes. Le vote pour celle que conduira Ian Brossat sera le moyen de soutenir la démarche de rassemblement de la gauche que le Parti communiste n’a cessé de promouvoir ces dernières années et qu’il continuera à porter.

 

Mais avant cette échéance, d’importantes batailles nous attendent. Le 9 octobre, actifs et retraités, nous manifesterons ensemble pour dire notre refus des mesures de régression sociale. Des questions majeures sont aujourd'hui posées qui vont conditionner le visage de la France de demain. Je n’en citerai que deux qui nous touchent plus directement :

  • D’abord celle du Service public. Après le changement de statut de la SNCF, le gouvernement et la direction qu’il a nommée ont commencé à s’attaquer à la RATP, avec l'aide de Valérie Pécresse et de la droite régionale. Les moyens utilisés sont différents, mais l’objectif de fond est le même : la privatisation de l’entreprise publique, en la vidant de ses activités au profit de filiales de droit privé, le tout sur fond de dumping social. Les derniers numéros de notre journal « Ça roule » ont décrypté ce plan et tracé les chemins d’une autre politique. Demain à 15h30, nous tiendrons ici même un débat avec des syndicalistes des entreprises publiques et privatisées et notre camarade Jacques Baudrier, élu d’Ile-de-France Mobilités, avec l’ambition de préciser sur quels fronts et avec quelles revendications on peut se mobiliser.

  • L’autre combat important qui se profile est évidemment celui des retraites. En substituant la retraite par points au système solidaire et sécuritaire bâti à la Libération, le projet gouvernemental aboutira à un nouveau et grave recul des pensions versées, créera une incertitude sur les revenus de chaque retraité tout en menaçant les pensions de reversion. Son but inavouable et inavoué, c’est de livrer la manne que représente l’assurance-vieillesse à l’appétit des marchés financiers, car ceux qui en ont les moyens seront de plus en plus tentés par des assurances individuelles. Chacun ici est conscient que, pour mettre à bas ce projet que le pouvoir veut faire passer en 2019, il faudra une puissante mobilisation de tout le monde du travail. Mais pour cela, il faut mener la lutte sur le plan des idées, pour à la fois montrer les dangers de cette réforme et le choix de société dans lequel elle s’inscrit, et pour y opposer d’autres propositions. C’est ce que nous avons fait en éditant un livret destiné aux personnels de la RATP et que vous pouvez vous procurez sur notre stand.

 

Je veux aussi dire que nous n’oublions pas la solidarité internationale. Dimanche à 13h, nous accueillerons sur notre stand Fadwa Khader, dirigeante du Parti du Peuple Palestinien, pour une initiative de solidarité avec ce peuple qui continue à subir l’occupation coloniale de la part d’Israël et à se voir nier le droit à disposer de son Etat, et cela avec la complicité des dirigeants occidentaux et notamment français.

 

Comme chaque année, la Fête de l’Humanité va être ainsi un lieu privilégié pour échanger des idées, confronter analyses et projets, travailler au rassemblement des forces de progrès, préparer les luttes de demain. C’est aussi le lieu où l’on se retrouve pour goûter ensemble ce que la vie a de meilleur et dont cette société capitaliste veut nous priver : la fraternité, la joie et l’espoir.

Alors je vous souhaite de profiter pleinement de cette Fête et je vous dis : bon appétit à toutes et à tous !