Section PCF RATP

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Assemblée du 21 septembre 2018 - Rapport introductif

Cher-e-s camarades,

 

Notre AG est la première depuis la rentrée. Elle se tient dans un contexte politique sensiblement modifié, après une grande Fête de l'Huma dont nous ferons un bilan plus détaillé tout à l'heure, et au moment où nous entrons dans la phase plus active de préparation du Congrès du parti.

Mon rapport introductif comporte quatre parties :

  • D'abord un point sur la situation ;
  • Ensuite des propositions d'intervention pour la période à venir ;
  • J'aborderai aussi les élections européennes du 26 mai ;
  • La dernière partie, plus importante, sera consacrée au Congrès, et plus précisément à la présentation des 4 textes candidats pour devenir la base commune, et sur lesquels les adhérents sont appelés à voter début octobre.

 

 

La situation politique : Macron en difficulté

 

16 mois après son élection, la cote d’Emmanuel Macron dans l’opinion est au plus bas.

Aux yeux d'une fraction croissante de la population, notamment des couches populaires et des électeurs de gauche qui avaient crû en ses promesses de « nouveau monde », il apparaît aujourd’hui pour ce qu’il est en réalité : le Président des super-riches et le fondé de pouvoir du grand capital. Mais il paye aussi le mépris de classe que traduisent ses déclarations et celles de plusieurs ministres et la dérive monarchique révélée par l'affaire Benalla et son traitement médiatique par l'Elysée. Et la démission de N. Hulot, quoi qu'on pense de ce dernier, a mis en exergue l'incompatibilité entre les défis environnementaux et une politique entièrement au service des multinationales.

Le rapport des forces est donc en train d'évoluer. Le mécontentement et le rejet à l'égard du pouvoir en place grandissent. Ses tentatives pour se refaire une santé, par exemple à travers le plan pauvreté, ne semblent pas inverser la tendance. Mais il ne met pas pour autant sa politique entre parenthèses : nouvelles mesures d'austérité que va traduire le budget 2019, relance des privatisations, réformes de toutes natures s'inscrivant dans le remodelage de la société française pour l'adapter aux besoins du capitalisme mondialisé.

 

La grande question qui se pose en cette rentrée, c’est de savoir si nous allons pouvoir mettre Macron en échec sur ses projets.

La montée des mécontentements est une donnée essentielle. Mais, sans perspective de changement de cap claire et crédible, elle peut profiter à la droite et à l’extrême-droite. N'oublions pas qu'aux Etats-Unis, Trump s’est fait élire contre une H. Clinton identifiée au monde de la finance, et en gagnant sur cette base une partie notable de l'électorat populaire. En Europe, on voit dans plusieurs pays les nationaux-libéraux se poser en alternative à l’ultra-libéralisme en surfant sur le rejet de ce dernier par les peuples. C’est le même danger qui guette la France, avec le rapprochement idéologique entre la direction des Républicains et le Rassemblement National. C'est d'ailleurs le seul argument qui reste à Macron qui ne cesse de se présenter comme l'opposant aux Salvini, Orban et consorts en Europe, et à Wauquiez et Le Pen en France.

Si l’on veut éviter à notre peuple ce mauvais scénario, il faut que les forces progressistes soient capables d’incarner une alternative qui réponde aux attentes. On sait que ce n’est pas le cas aujourd’hui. La gauche française est profondément affaiblie et divisée.

Le PS demeure englué dans son ralliement aux thèses libérales et se montre incapable de la moindre auto-critique sur son bilan pourtant désastreux. FI est engagée dans une posture marquée par une volonté hégémonique et par des positions qui se caractérisent à la fois par un refus de s'attaquer aux racines du capitalisme (c'est par exemple l'idée exprimée par Mélenchon que la gestion des entreprises n'est pas un sujet) et par des propos populistes ou démagogiques (sur l'Europe, sur les migrants ou sur le nucléaire). Quant à Génération-s, le mouvement de B. Hamon, il demeure sur une ligne social-démocrate avec des propositions très en retrait des exigences, de même que EELV.

Faire ce constat ne signifie évidemment pas qu'il faille renoncer à notre ambition de rassembler les forces de gauche, mais nous devons regarder avec lucidité les obstacles à surmonter. Comment y parvenir : c'est une des questions au cœur de notre congrès. Mais une chose est certaine : sans l'apport en termes de contenus du PCF, la gauche ne sera pas en mesure de porter des solutions réellement transformatrices et à la hauteur des défis posés par la crise du capitalisme. ll y a ainsi des exigences incontournables à poser : Celle du pouvoir des salariés dans la gestion des entreprises, celle du contrôle des citoyens sur l’argent, celle d’une réorientation radicale de la construction européenne, celle d’un nouveau type de développement plus durable, celle d’une nouvelle République plus démocratique, celle d’un changement de fond de la politique étrangère de la France.

 

 

Les propositions d'intervention de la section pour la période à venir

 

Les communistes de la RATP seront évidemment dans la rue le 9 octobre, lors de la journée nationale interprofessionnelle à l'appel de la CGT, pour dire notre refus des mesures de régression sociale.

Mais au-delà, il y a l'activité propre de notre section. Nous sommes plus particulièrement mobilisés sur deux sujets : le Service public et les retraites.

 

  • Sur le Service public :

Après le changement de statut de la SNCF, le gouvernement et la direction qu’il a nommée ont commencé à s’attaquer à la RATP, avec l'aide de Valérie Pécresse et de la droite régionale. Les moyens utilisés sont différents, mais l’objectif de fond est le même : la privatisation de l’entreprise publique, en la vidant de ses activités au profit de filiales de droit privé, le tout sur fond de dumping social. L'avant-dernier numéro de notre journal « Ça roule » a décrypté ce plan et tracé les chemins d’une autre politique.  

Les enjeux de la période à venir sont multiples : l'avenir de l'EPIC, les conditions sociales de l'ouverture à la concurrence, la politique de productivité qui connaît une brutale accélération. Le contenu de la loi LOM va être déterminant sur plusieurs de ces aspects, comme l'a évoqué notre camarade Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, dans le dernier « Ça roule ». Mais il y a aussi des batailles plus sectorielles pour contester les choix libéraux actuels ; c'est par exemple le cas avec l'expérimentation sur les agents de station qui conduirait à des stations sans personnel pendant une partie du service et qui a fait l'objet d'un vœu déposé par nos élus parisiens.

Parmi les agents de l'entreprise, la sensibilité grandit sur tous ces sujets, avec beaucoup d'interrogations et d'inquiétudes. Ne faut-il pas décider d'un nouveau numéro du journal de section qui serait entièrement consacré à tous ces sujets ?

 

  • Sur les retraites :

Le projet gouvernemental n'est pas encore connu dans les détails, mais on en connaît déjà les grandes lignes. Il s'agit d'une réforme systémique qui substituera la retraite par points au système solidaire et sécuritaire bâti à la Libération. Ce projet aboutirait à un nouveau et grave recul des pensions versées, créant une incertitude sur les revenus de chaque retraité. Son but inavouable et inavoué, c’est de livrer la manne que représente l’assurance-vieillesse à l’appétit des marchés financiers, car ceux qui en ont les moyens seront de plus en plus tentés par des assurances individuelles.

Pour mettre à bas ce projet que le pouvoir veut faire passer en 2019, il faudra bien sûr une puissante mobilisation de tout le monde du travail. Mais pour cela, il faut commencer par mener la lutte sur le plan des idées, pour à la fois montrer les dangers de cette réforme et le choix de société dans lequel elle s’inscrit, et pour y opposer d’autres propositions.

C’est ce que nous avons fait en éditant un livret destiné aux personnels de la RATP. Il faut maintenant décider de la façon dont nous allons l'utiliser. Le Comité de section vous propose trois choses : d'abord l'envoyer avec une lettre d'accompagnement aux élus et représentants syndicaux des CDEP, aux secrétaires des CHSCT et aux dirigeants des différents syndicats de la RATP ; ensuite organiser une diffusion de masse dans certains sites ; enfin programmer une nouvelle formation sur cette question, après le congrès.

 

 

Les élections européennes

 

L’an prochain, l’élection européenne du 26 mai constituera le premier scrutin depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Elle aura donc un double enjeu : la composition du Parlement européen, mais aussi le rapport des forces politiques en France.

 

Les communistes ont souhaité et agi pour que la gauche (la vraie) se présente unie à cette élection, mais ce ne sera vraisemblablement pas le cas, même si nous allons poursuivre nos efforts dans ce sens. L’électorat progressiste aura donc le choix entre différentes listes. Le vote pour celle que conduira Ian Brossat sera le moyen de soutenir la démarche de rassemblement de la gauche que le Parti communiste n’a cessé de promouvoir ces dernières années et qu’il continuera à porter. 

 

Un des arguments, sans cesse répété pour contribuer à la résignation des travailleurs, consiste à dire que même si une majorité se dégageait pour des choix progressistes en France, nous ne pourrions pas les appliquer parce que l’Europe et ses institutions nous l’interdiraient. C'est le cas pour l'ouverture à la concurrence et la privatisation des Services publics, y compris de notre entreprise : gouvernement et direction expliquent que nous n’avons d’autre possibilité que d’appliquer des décisions qui nous seraient imposées par l’Europe.

C’est en partie faux, mais prenons-les au mot et prolongeons notre combat local par le combat européen : partout en Europe, des salariés et des citoyens luttent pour défendre leurs Services publics, et des forces politiques de gauche, avec lesquelles nous travaillons déjà, mènent des combats similaires aux nôtres.

Ce sera donc l’occasion de montrer aux salariés de la RATP, et au-delà, que notre bataille contre la concurrence, contre la privatisation et contre le dumping social, et pour un Service public de qualité ne s’oppose pas au reste de l’Europe, mais peut trouver appui dans d’autres pays et fait écho à des batailles similaires ailleurs.

 

Notre section, lors de sa dernière AG en Juin, a décidé de proposer la candidature d'un de nos camarades, Patrick Rispal. Si notre CN décide de le présenter dans la liste conduite par Ian Brossat et que nous savons nous emparer collectivement de cette candidature au sein de la section, nous pourrons profiter de ce moment pour expliquer, site par site, notre position sur la construction européenne et montrer que c’est bien le libéralisme et ses soutiens politiques qui sont la source du problème, quel que soit le lieu de décision.

 

 

Le Congrès du Parti

 

Le capitalisme entraîne le monde dans une crise toujours plus profonde. Jamais le besoin d’inventer un autre modèle de société n’a été aussi fort, et pourtant notre Parti est sorti gravement affaibli des dernières consultations électorales.

Ce Congrès est l’occasion de redresser la situation, de clarifier nos lignes et de se remettre en ordre de bataille sur des idées claires. Ce sera le cas si chacune et chacun d’entre nous y participe. Nous sommes au carrefour de plusieurs avenirs possibles pour le Parti. Il est fondamental que cet avenir soit choisi par le plus grand nombre d’adhérents. Par la lecture et le vote sur les textes proposés, mais aussi par la préparation du travail d’amendement nécessaire, nous pouvons réellement peser dans les choix qui seront faits. J’ajoute qu’au vu de la faible marge de membres du CN qui ont voté en faveur de la proposition de base commune et des réactions que ce texte a suscitées dans le Parti, il est tout à fait possible qu’un des textes alternatifs arrive en tête des votes, devant la proposition du CN. Ce serait une première dans le Parti, c’est dire l’importance de participer pleinement aux décisions à venir.

 

Nous avons déjà eu un échange sur le Congrès lors de la dernière AG de juin. Aujourd'hui, nous allons poursuivre ce débat.

Je rappelle les échéances à venir :

  • Début octobre, les communistes voteront pour choisir le texte qui servira de « base commune », c'est-à-dire qui deviendra le projet de texte d'orientation soumis à la discussion. Pour que le maximum de camarades puisse se prononcer, nous proposons que, dans notre section, le vote se fasse par internet et par téléphone, du mercredi 3 au vendredi 5/10, en organisant une permanence téléphonique sur ces trois jours de 9h à 17h.
  • Nous aurons ensuite le vendredi 19 octobre une nouvelle AG de section où nous discuterons des thèmes du Congrès.
  • Puis nous tiendrons le Congrès de section le vendredi 9 novembre sur la journée, ici même. Ce congrès votera sur le texte d'orientation avec les éventuels amendements, élira le nouveau Comité de section, désignera les délégués de notre section au Congrès départemental et les candidats aux instances fédérale et nationale. La proposition du Comité de section est que nous terminions cette journée par un repas fraternel.
  • Le Congrès départemental de Paris se tiendra la semaine suivante, les 16, 17 et 18 novembre, et le Congrès national du 23 au 25 novembre.

 

4 textes sont candidats pour le choix de la base commune :

  • Celui adopté par le Conseil National, dont le titre est « Le communisme est la question du XXI° siècle » ;
  • Le texte alternatif n°2 intitulé « Se réinventer ou disparaître ; pour un printemps du communisme » ;
  • Le texte n°3 intitulé « Pour un manifeste du Parti communiste du XXI° siècle » ;
  • Le texte n°4 intitulé « Reconstruire le parti de classe ; priorité au rassemblement dans les luttes ».

Je rappelle l’enjeu du vote des adhérents des 3, 4 et 5 octobre : Il ne s’agit pas de choisir le texte parfait (aucun ne l’est), mais bien celui que nous voulons utiliser comme point de départ pour définir l'orientation du parti, en sachant qu’il sera ensuite amendé par les sections, les fédérations et le Congrès national. Une problématique que nous avons pointée est d’essayer de rester focalisés sur le débat d’idées et de laisser chacun se faire sa propre opinion. L’enjeu est en effet trop important pour apprécier chaque texte candidat seulement en fonction de ses signataires, au risque d’entrer et de s’enfermer dans des débats de personnes ou de tendances. C’est d’abord des contenus dont il s’agit de parler pour décider de la meilleure orientation pour le Parti et son avenir.

 

Avant l’été, la première partie de la discussion préparatoire a permis de pointer les questions essentielles auxquelles le Congrès doit répondre. Les débats tournent autour de trois points : le bilan des choix faits par le Parti ces dernières années, notre stratégie d’alliance, et enfin la direction nationale et son fonctionnement.

L’année dernière, une contribution de notre Comité de section, qui avait été envoyée à tous les adhérents de la section et aux responsables fédéraux et nationaux, et dont un résumé était paru dans l’Humanité, exposait les critiques que nous émettions sur ces trois thèmes, notamment à la suite de l’élection présidentielle. Ces critiques étaient partagées par d’autres sections. Le projet de base commune adopté à une courte majorité par le Conseil National comporte trois fenêtres sur chacun de ces sujets, exposant les divers points de vue, mais sans les trancher. Le fait même que le texte issu de la direction nationale ne propose pas une ligne claire sur les principales questions est du reste une des principales critiques formulées à son égard par nombre de camarades.

 

Au risque d’être trop synthétique, on peut pointer les différences majeures qui existent entre les textes. Elles portent sur différents sujets.

D’abord sur le sens du combat communiste. Le texte 2 se différencie par exemple du texte du CN avec ses propositions d’un salaire à vie et d’une sortie du nucléaire. Le texte 3 porte l’objectif de remise en avant des idées marxistes et pointe comme priorité le rassemblement pour une issue à la crise du capitalisme financiarisé et mondialisé. Le texte 4 veut remettre l’objectif du socialisme au centre du projet et réclame notamment la sortie de l’Union européenne.

Mais c’est sur la stratégie du Parti et les choix d’alliance au moment des élections que les divergences entre ces textes sont les plus notables. Dans le texte du CN, ces points ne sont pas tranchés et devront être travaillés après le vote à travers le travail d’amendement des communistes. Le texte 2, qui considère que le PCF a une responsabilité dans l’échec du Front de gauche, défend l’idée d’un rassemblement avec FI dans un Front commun. Le texte 3 critique l’effacement du Parti derrière un candidat, Mélenchon, jugé populiste voire nationaliste ; il pointe l’importance d’un travail politique sur les bases sociales du rassemblement et affirme essentiel d’être présents avec nos propres candidats à toutes les élections pour porter notre projet. Le texte 4 critique aussi une stratégie d’effacement du parti et refuse tout accord avec FI, sans définir clairement un positionnement en termes d’alliances électorales.

Sur l’organisation du PCF, il y a aussi des questions qui font l’objet de positions sensiblement différentes. Par exemple, le texte 2 veut une autonomie renforcée des sections, et propose que les décisions soient prises dans des collectifs (locaux ou thématiques) associant des non-adhérents. Alors que le texte 3 appelle à renforcer l’organisation du parti à l’entreprise et la formation, et revendique un renouvellement des directions et de leur fonctionnement avec l’implication de camarades salariés et issus des milieux populaires.

 

Nous allons avoir certainement un débat plus concret durant cette AG, sur des points précis qu’aura retenus tel ou tel camarade. Mais j’invite chacun à lire les documents ou au moins leurs résumés disponibles sur le site du Congrès pour s’approprier les termes du débat. Un matériel édité par la Fédération de Paris et que chaque adhérent a reçu par la poste résume les positions des 4 textes et aide à se faire une idée de la vision que porte chacun d’eux.

 

Je vous propose maintenant d’ouvrir la discussion.