Section PCF RATP

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Assemblée du 22 mars 2019 - Rapport introductif

Chers camarades,

 

Nous nous réunissons dans une période très dense en terme de mobilisations, avec des mouvements sociaux très divers, de plus ou moins grande envergure, plus ou moins politisés, plus ou moins conscients qu’ils remettent en cause un ordre établi, mais tous en réalité profondément liés à ce que nous dénonçons depuis des décennies : à savoir la crise, ou plutôt les crises que provoque régulièrement le capitalisme et les conséquences qu’elles entrainent. Derrière ces crises économiques découlent une multitude d’autres crises que les citoyens ressentent, et aujourd’hui dénoncent, de plus en plus massivement.

 

1°/ Une actualité sociale riche :

 

Ne serait-ce que ce samedi, outre l’initiative de notre Parti sur laquelle je reviendrai, nous avons assisté à :

-une marche pour le climat pour dénoncer la crise écologique et l’inaction des dirigeants libéraux,

-une manifestation pour dénoncer la nouvelle loi dite « anti-casseurs » et les violences policières, qui pointe une profonde crise démocratique accompagnée d’une criminalisation constante des luttes,

-une forte journée de mobilisation des gilets jaunes issus cette fois de la crise sociale et économique en cours.

La mobilisation syndicale de ce mardi a aussi été un moment de mise en cause des conditions sociales imposées aux travailleurs de ce pays après tant d’années d’austérité, de casse des services publics et de cadeaux aux plus riches.

 

Quelle que soit la force et la forme de chacun de ces mouvements ou les diverses difficultés qu’ils peuvent rencontrer pour s’étendre plus largement et gagner durablement, leur multiplication est bien la conséquence directe de la multiplication des attaques libérales, des dégâts que celles-ci engendrent et d’un début de réponse plus large de la société.

De plus en plus de collectifs et de citoyens se mobilisent contre les mesures issues des politiques des 20-30 dernières années. On assiste chaque jour un peu plus à ce qu’on pourrait qualifier « d’overdose libérale ».

 

Pour autant, tous ces mouvements trouvent à un moment donné leurs limites, n’arrivent pas à impliquer plus de monde et à remporter des victoires majeures, et surtout une alternative politique crédible peine à émerger majoritairement.

Les 2 sont intimement liés : dans notre histoire, tous les mouvements sociaux qui ont triomphé, quelle que soit leur forme, leur origine, leur époque et leur durée étaient tous accompagnés d’un contenu idéologique clair, traduit en mesures concrètes largement partagées par les forces politiques de gauche.

Dans la période actuelle, des ponts se reconstruisent et certaines lignes bougent mais les forces de gauches restent très dispersées, tant numériquement qu’idéologiquement, et surtout l’engagement des citoyens sur le terrain politique reste pour l’instant très marginal.

 

Cette carence d’unité à gauche mais surtout de consensus idéologique large est donc, à mon sens, le principal frein au développement de mouvements sociaux très puissants, voire même à la convergence de ces diverses luttes : pour la grande majorité de la population, sans un projet global, comme peut l’être le projet communiste, qui à la fois analyse et tente d’apporter des réponses aux principaux problèmes posés, il n’y a pas ou peu de perspectives positives à construire et donc pas d’intérêt à s’engager durablement dans des collectifs de lutte.

Une grande majorité des salariés voit que notre société va mal et que de nombreuses choses sont à changer mais s’ils ne sont pas directement menacés ou qu’ils n’ont pas un idéal de société clair, ils ne participent pas à changer la société et restent éloignés du terrain des luttes.

Dit autrement, pourquoi quelqu’un qui n’en a ni le besoin, ni la volonté idéologique s’engagerait avec force pour des transformations sociales profondes ?

Il nous faut donc massivement re-politiser les enjeux de la vie courante et, comme ça a été dit dans notre Congrès de section et lors du Congrès National, ré-imprimer durablement notre projet d’une autre société dans les esprits.

 

Heureusement, depuis de nombreuses années, jamais autant les salariés de ce pays n’ont recommencé à parler politique, indirectement bien sûr et sans avoir l’impression d’en parler : au travers du coût de la vie, de l’essence, du logement, des soins, etc… au travers aussi des méthodes de prises de décisions politiques, de la place des services publics, etc…

Nos combats syndicaux bien sûr sont l’une de ces expressions mais les Gilets Jaunes aussi, les jeunes qui ont marché pour remettre la question écologique au centre du débat aussi, celles et ceux qui dénoncent la judiciarisation et la criminalisation des contestations aussi. Une multitude d’autres exemples de luttes pourraient être pris.

 

Bien que toutes les personnes qui participent à l’ensemble de ces mouvements ne le voient pas forcément, ils vont dans un même sens qui remet en cause le monde libéral construit jusque-là. Notre rôle est justement de leur en faire prendre conscience.

Y compris avec la Marche pour le climat il s’agit là aussi, comme sur les questions économiques et sociales, de sortir du schéma classique où l’immensité des travailleurs et catégories moyennes et modestes, voire pauvres sont appelées à faire des sacrifices et des efforts pour que de l’autre côté les grosses entreprises et les catégories très aisés puissent se permettre de continuer à polluer au nom de l’efficacité économique. Si nous savons nous en emparer, c’est un biais formidable de remise en cause du libéralisme et de dénonciation de ses injustices car c’est le même discours qui règne en matières économiques et sociales et dans bien d’autres domaines.

Bref, à nous de diffuser nos éléments d’analyses pour faire avancer nos idées dans la population.

 

Une part des populations commence d’ailleurs déjà à rechercher des solutions politiques alternatives. Je prendrais justement pour exemple l’initiative de notre Parti de ce samedi : pas loin de l’Elysée, divers dirigeants du Parti, des membres du mouvement associatif et des salariés en lutte enchaînaient les tours de parole avant qu’une délégation n’aille remettre au premier ministre les premières remontées des cahiers de doléances remplis à l’occasion d’initiatives militantes et dans les mairies communistes, ainsi que 10 propositions urgentes pour sortir de la crise (que vous avez reçu par mail cette semaine). Durant l’initiative, 3 cortèges différents de gilets jaunes sont passés par cette même place. Tous étaient très souriants et heureux de nous voir mobilisés, une partie reprenait même l’Internationale que chantaient certains camarades à leur passage ou levaient le poing fièrement en passant. Sur plusieurs centaines de personnes qui sont passées, seules 2-3 semblaient mécontentes de nous voir là.

 

2°/ Elections Européennes

 

Ce climat positif, ou en tout cas bienveillant, à notre égard se retrouve largement dans la campagne des Européennes : toutes les sections qui mènent activement la campagne, notamment au travers de portes à portes disent recevoir un excellent accueil, énormément de personnes pensent sur des bases qui nous sont proches et peuvent facilement se retrouver sur nos valeurs historiques de justice sociale, fiscale, de redéploiement des services publics, du rôle des institutions, etc...

 

Concernant notre section, nous ne sommes pas encore pleinement impliqués dans la campagne. Certaines initiatives intéressantes ont été menées mais en très petit nombre.

En revanche, partout où elles ont été menées, elles ont, elles aussi, reçu des échos très positifs. Je prendrais l’exemple de la visite de Ian Brossat au dépôt de Thiais, de la visite de Benjamin Amar au dépôt de Vitry (avec au final plusieurs nouvelles adhésions) ou de diverses distributions qui nous ont permis de récolter des dizaines et des dizaines de signatures d’appels à voter en faveur de la liste conduite par Ian.

Il faudra évidemment continuer à couvrir ces sites pour prolonger des discussions entamées lors de ces initiatives et il faudra aussi aller sur de nombreux sites qui restent à faire : Val de Fontenay, les ateliers de Villette ou Sucy, les dépôts de Saint-Denis, Ivry, etc…

Plusieurs initiatives sont en cours de préparation, que ce soit au centre bus de Porte d'Orléans ou aux ateliers de Choisy.

 

Une des prochaines grosses initiatives que nous allons mener le 28 Mars sera un porte à porte conjoint avec la section du 14e Arrondissement sur un immeuble de près de 150 logements, dont une bonne part est occupée par des agents ou des retraités de la RATP ; si des camarades sont disponibles pour y participer, je les invite d’ailleurs à se manifester rapidement.

Là encore, d’autres sites similaires existent et l’on peut souvent s’appuyer sur les sections locales pour nous aider à les couvrir.

 

Bref, ce ne sont pas les possibilités qui manquent et quels que soient les types de sites, leurs horaires, le nombre de camarades nécessaires ou les thématiques que nous voulons y aborder, tous les camarades sont nécessaires et peuvent trouver une/des initiatives qui leur conviennent.

Nous sommes à moins de 10 semaines du vote et l’on sait d’ores et déjà qu’il est possible que chaque voix compte le 26 Mai.

Il est donc fondamental que tous les camarades s’emparent enfin pleinement de la campagne, soient force de propositions sur leur propre site ou les sites qu’ils connaissent bien pour que nous démultiplions massivement l’activité de la section.

L’appel à voter est un formidable outil pour provoquer facilement la discussion auprès des collègues et militants syndicaux que nous connaissons, car celui ou celle à qui l’on demande de le signer va immédiatement nous dire quelles sont ses réticences éventuelles et l’on entre immédiatement dans le vif du sujet, plus qu’avec un tract avec lequel il ou elle va être d’accord mais qui n’implique aucun engagement moral, ni affichage public. Utilisons-le donc le plus possible autour de nous, que ce soit avec des personnes que l’on sait proches de nous politiquement ou y compris avec celles dont on maitrise moins leur positionnement politique, pour aller chercher un à un ces appels à voter.

 

Toujours en lien avec les Européennes, le 2ème effort qui va être demandé, à celles et ceux qui peuvent se le permettre bien sûr, c’est un effort financier.

Comme pour chaque élection, une souscription est lancée pour aider à couvrir l’ensemble des frais de campagne.

Notre militantisme sur le terrain n’aurait bien sûr aucun sens si nous n’avons pas de matériel de campagne, si des supports vidéo ne sont pas édités et diffusés sur les réseaux sociaux, si nos candidats ne sont pas mis en avant lors de meetings et d’initiatives dans toute la France mais évidemment tout cela a un coût.

Notre section si l’on en valide le principe aujourd’hui va déjà verser 2000€ mais j’invite tous les camarades qui le peuvent à faire un effort sachant que, comme pour nos cotisations, ces versements donnent droits à des déductions d’impôt.

 

Pour celles et ceux qui ne seraient pas convaincus que les élections Européennes nous concernent réellement ou qu’il sera toujours temps de « rattraper le tir » plus tard, je prendrais un dossier que nous connaissons très bien et qui nous touche très directement : il s’agit de la casse des services publics.

S’il n’y avait jamais eu de majorités libérales pour valider des directives ou voter des règlements qui permettent ces privatisations, nous ne serions pas aussi menacés et attaqués au quotidien et nos directions ou l’Etat devraient affronter directement leurs responsabilités, sans pouvoir se cacher derrière ces décisions européennes. A l’inverse même, si une majorité de députés de gauche siégeait au Parlement Européen, on pourrait imaginer que les règlements seraient tout à l’inverse, c’est-à-dire qu’ils protègent les services publics existants et obligent même les états à renationaliser certains secteurs clés aujourd’hui privés (comme les banques/assurances par exemple).

J’en profite d’ailleurs pour vous rappeler que lundi à 18h sera organisé ici-même une rencontre sur le thème : « Contre l’Europe de Macron : des services publics au cœur d’un nouveau projet européen », en présence de Ian Brossat, d’économistes et syndicalistes.

Ce n’est donc pas une question secondaire et il ne faut pas hésiter à dire autours de nous que si la gauche obtient un excellent résultat aux Européennes nous aurons peut-être un peu moins de mauvais coups à affronter à l’avenir que dans les dernières années.

Signalons également le débat du 4 Avril sur France 2 où nous avons obtenu après une rude bataille que Ian y soit invité et puisse exposer notre vision des choses.

 

3°/ Loi LOM :

 

En parlant de mauvais coups qui viennent de Bruxelles et Strasbourg, j’en viens tout naturellement à la loi LOM :

 

Tout d’abord pour vous dire que, dans la suite de notre journée d’étude du 15 Février ici même, des amendements ont été travaillés en commun entre le groupe communiste au Sénat et notre section sur les volets de la loi concernant la RATP  :

  • Contre le démantèlement de l’Epic et la filialisation,

  • Pour interdire la clause de la société dédiée dans les appels d’offres,

  • Contre le transfert automatique des personnels du réseau bus,

  • Pour la généralisation du Statut du personnel aux salariés du transport public et contre sa liquidation,

  • Pour un alignement par le haut des conditions de travail du secteur,

  • Contre les dispositions livrant gratuitement les données du transport aux géants du numérique.

 

Le débat au Sénat a commencé le 19 mars et va durer 2 semaines. Une mobilisation a commencé, notamment à l’initiative de la CGT, et va se poursuivre avec la manif européenne pour les services publics et contre le dumping social prévue à Bruxelles le 27 Mars.

La bataille va évidemment durer plusieurs mois. D’abord avec le passage de la LOM à l’Assemblée en juin, puis sur le contenu des décrets qui accompagneront la loi.

Il faut noter qu’à gauche, seul le groupe communiste a déposé des amendements sur les articles 38 et 39 qui sont ceux qui touchent le plus directement la RATP. Les autres amendements sur ces articles ont été ceux de la droite, notamment de Karoutchi avec ceux (adoptés en commission) attaquant le droit de grève et livrant la construction des infrastructures du transport aux partenariats public-privé (PPP).

Pour nous, alors que les personnels de la RATP commencent à s’intéresser en plus grand nombre à cette loi, c’est une occasion de faire le lien avec l’enjeu de l’élection européenne et de rappeler que nous voulons une Europe qui donne une véritable place aux services publics, pour les émanciper de la concurrence et en faire des piliers de l’Europe sociale contre l’Europe de l’argent. 

Un des arguments que nous pouvons d’ailleurs rappeler est que le PCF a été le seul parti de gauche à voter contre tous les traités libéraux.

Les menaces actuelles sur la RATP et ses personnels découlent directement du règlement européen OSP et donc du traité de Maastricht.

Lors du référendum de 1992, le oui à Maastricht ne l’a emporté qu’avec 51% des voix. Ceux qui ont appelé à voter pour (le PS, Mélenchon, Hamon, EELV) et ceux qui ont appelé à l’abstention (comme LO) sont donc co-responsables de la situation que nous subissons aujourd’hui.

 

4°/ Divers

 

Enfin, 2 dernières choses que je tiens à vous dire avant de conclure :

 

Quelques mots sur les violences qui ont eu lieu samedi lors de la manifestation des Gilets Jaunes car elles en disent bien plus long que les simples dégâts engendrés : aucun mouvement d’ampleur, qu’il soit syndical, sociétal ou associatif n’a obtenu satisfaction sur des problématiques nationales majeures depuis Chirac et la victoire contre le CPE, même si à l’époque il avait déjà fallu près de 3 mois d’un mouvement syndical et lycéen massif.

Il est évident que ce refus de céder coûte que coûte et cette volonté de passer en force de la part des dirigeants libéraux (notamment avec Sarkozy et Macron) n’a conduit qu’à un sentiment d’impuissance et à une radicalisation de certaines formes d’action et donc à des violences.

Y compris autours de nous, certains camarades ou certains salariés qui pourraient potentiellement nous rejoindre pensent qu’il faut « en passer par là », que c’est « la seule solution pour se faire entendre », « qu’il faut arrêter de faire comme d’habitude et tout casser pour faire bouger un peu les choses ».

Soyons clair sur cette vision pseudo-radicale mais en réalité très arrangeante pour les tenants du capitalisme : outre le fait qu’il s’agit d’un moyen d’action qui dévie la lutte et détourne le combat face au patronat dans l’entreprise vers un combat contre l’Etat sur la voie publique, c’est surtout un moyen qui convient parfaitement à la bourgeoisie car il permet à la fois de criminaliser le mouvement ouvrier et donc sévir fortement contre lui, tout en le décrédibilisant à grand coup de media auprès de l’opinion publique.

Ne nous voilons pas la face : quand bien même la mise en place d’un autre projet de société nécessiterait un jour de « bousculer » les derniers bastions de l’adversaire, l’utilisation de la violence dans une période où nous en sommes majoritaires ni dans les rues ni dans les urnes n’est, au mieux qu’un aveu d’impuissance et de faiblesse, au pire une carte que l’on donne à l’adversaire pour démanteler nos structures criminaliser nos camarades.

 

L'autre chose, c’est que nous avions proposé il y a 2 assemblées plusieurs nouveaux logos pour être en phase avec les nouvelles chartes graphiques issues du Congrès. Les camarades présents voulaient que notre nouveau logo corresponde plus à notre logo actuel que ce qui était proposé. Une nouvelle version a donc été réalisée avec les idées qui ont été mises en avant. S’il nous convient, je vous propose de le validé comme nouveau logo officiel de la section pour qu’il figure sur nos documents.

 

Je ne serai pas plus long et vous comprendrez que, compte tenu de ce que j’ai présenté dans ce rapport, je nous invite à orienter principalement la discussion d’aujourd’hui autour d’initiatives concrètes que nous pouvons mener dans les quelques semaines qui nous restent pour avoir un maximum d’eurodéputés communistes.