Section PCF RATP

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Assemblée du 26 avril 2019 - Rapport introductif

Chers camarades,

 

Nous sommes exactement à 1 mois de l’élection des députés au Parlement européen. Notre réunion d’aujourd’hui doit en priorité être tournée vers cette échéance et les moyens de faire grandir le score de la liste présentée par le PCF.

 

Avant tout cependant, je veux évoquer très brièvement le contexte international.

D’abord pour saluer le formidable mouvement populaire qui se déroule sous nos yeux en Algérie. Un mouvement qui porte une remise en cause profonde du système et du fonctionnement de la société de ce pays ; un mouvement qui a déjà obtenu le départ de Bouteflika et la mise à l’écart de plusieurs piliers du pouvoir, mais qui n’entend pas en rester là ; un mouvement qui doit nous inspirer parce qu’il montre toute la force d’un peuple lorsque celui-ci sait se rassembler autour d’aspirations et de revendications communes.

L’autre aspect marquant du contexte mondial, c’est l’approfondissement de la crise du capitalisme avec le net ralentissement de la croissance. Celui-ci affecte plusieurs pays développés comme l’Italie ou l’Allemagne qui sont entrés en récession ou sont tout près d’y sombrer, mais aussi les pays émergents dont la croissance a été divisée par deux en quelques mois. C’est bien la logique du système qui est à incriminer, avec d’un côté une accumulation démentielle des capitaux relancée par les mesures prises il y 10 ans par les dirigeants capitalistes, et de l’autre un écrasement du pouvoir d’achat populaire qui finit par gripper la machine économique. La bulle financière qui s’est ainsi reconstituée menace d’éclater à tout moment, avec des conséquences qui seront bien plus graves qu’en 2008.

C’est dans ce cadre que les forces nationalistes, racistes et d’extrême-droite prospèrent un peu partout, en se nourrissant du rejet grandissant du libéralisme. Un défi est donc posé à l’échelle planétaire à tous les progressistes : démontrer leur capacité à proposer aux peuples une alternative crédible pour éviter le piège de la fausse opposition entre fascisme et libéralisme. Notre pays, comme du reste l’Europe toute entière, est un des terrains où se joue cet affrontement.

 

Quelle appréciation porter sur la situation politique en France ?

Alors qu’il y a encore quelques mois, Macron semblait avancer sans réelle difficulté, l’émergence des gilets jaunes est venue contrarier sérieusement les plans de la grande bourgeoisie.

Si la force des manifestations du samedi s’est nettement estompée, ce qui s’est exprimé à travers ce mouvement demeure : le retour sur le devant de la scène des ouvriers et des employés que la classe dominante s’efforce depuis tant d’années de rendre invisibles, l’aspiration à la justice sociale à travers les revendications d’une réforme fiscale et du rétablissement de l’ISF, la volonté d’un autre rapport aux institutions politiques, la question d’une répartition plus juste des richesses avec l’exigence d’une hausse des salaires.

Mis en difficulté, le pouvoir a été contraint de manœuvrer, tout en utilisant l’arme de la répression. Après l’abandon des mesures sur la taxe sur les carburants et sur la CSG et après la prime de fin d’année, il a dû concéder l’ouverture d’un « grand débat » avec l’ambition de retourner la situation à son avantage. Mais ces manœuvres n’ont pas trompé grand monde, beaucoup dénonçant un débat ficelé d’avance avec des questions biaisées et des tabous inattaquables. Et de fait, les annonces faites hier par le Président de la République ne répondent en aucune façon aux attentes. « Je n’ai pas fait fausse route », telle est la phrase-clé qu’on en retient. Refus de taxation des plus riches, mais en revanche volonté d’augmenter la durée du travail alors que les études publiées par l’Huma ce mercredi démontrent qu’en France, on travaille déjà plus que dans les autres pays européens. Quant aux services publics, que valent les promesses de réoccuper le terrain, de limiter les classes à 24 élèves et de ne plus fermer d’écoles et d’hôpitaux quand ce même pouvoir s’apprête à supprimer 120 000 postes de fonctionnaires ?

Cela veut dire que Macron et sa clique vont continuer leur entreprise de remodelage accéléré de la société française pour la plier aux exigences d’un capitalisme en crise. Pas un secteur n’est épargné : après la refonte du Code du travail, les retraites, la fonction publique, le système éducatif, la justice sont concernés, mais c’est aussi le recul de la démocratie avec une loi anti-casseurs liberticide ou le projet d’affaiblir la représentation citoyenne au Parlement, sans oublier la privatisation d’Aéroports de Paris, celle des barrages hydro-électriques ou celle, plus insidieuse mais pas moins réelle, en cours à la RATP. Ils font fort et ils vont vite, créant un effet de sidération et alimentant un sentiment d’inéluctabilité et d’impuissance parmi leurs victimes.

Ce constat ne doit cependant pas conduire à sous-estimer les résistances qui montent. J’ai parlé des gilets jaunes, mais ce mouvement n’est pas le seul. Les luttes dans les hôpitaux ou contre la réforme des lycées ont pris de l’ampleur dans la dernière période. Le projet de privatisation d’ADP soulève une opposition très large. A la RATP même, la remise en cause des tableaux de retraites (qui balise le terrain pour la réforme d’ensemble annoncée par le gouvernement) a donné lieu à un premier rassemblement d’envergure le 27 mars.

Que manque-t-il pour que la colère populaire qui est très profonde et le rejet massif du pouvoir en place débouchent sur un changement de cap ? On voit bien que le seul rassemblement des mécontents ne peut tenir lieu de stratégie ; il est d’ailleurs compliqué par les divisions que l’adversaire a su créer au sein du monde du travail. Pour que les mobilisations grandissent et encore plus pour qu’elles convergent, il y a besoin de plusieurs ingrédients : marquer des points dans le combat des idées pour faire reculer dans les consciences les thèses de la droite et du patronat ; faire regagner de la crédibilité à l’action collective en arrachant des succès même partiels ; et tracer une perspective palpable et mobilisatrice à gauche.

C’est dans ce but que notre parti a avancé le 15 mars dernier 10 propositions nourries des exigences populaires. Parmi celles-ci, il y a la hausse de 20% du SMIC et l’augmentation des salaires, la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité et le rétablissement de l’ISF, le lancement d’un grand plan d’urgence pour la reconstruction des services publics. Ces 10 propositions ne sont pas tout le programme du PCF, mais elles constituent une base permettant un rassemblement à gauche pour engager une rupture avec les politiques libérales. Le numéro d’avril du bulletin de liaison de notre section les a mises en exergue. Il nous faut maintenant les faire connaître et les mettre en débat plus largement.

 

Derrière toutes les batailles que j’ai mentionnées et dont l’issue déterminera le visage de la France de demain, nous ne sommes évidemment pas en dehors des enjeux européens.

Prenons par exemple la question du service public telle qu’elle se pose à la RATP, avec les interrogations plus que légitimes sur son avenir et celui de ses personnels. Le combat se mène certes autour de la Loi d’Orientation des Mobilités actuellement en débat au Parlement. Il faut souligner à ce propos la remarquable coopération entre notre section et notre groupe au Sénat qui a permis à celui-ci d’être en pointe dans la discussion du projet de loi. Nous allons prolonger ce travail avec notre groupe à l’Assemblée où la loi sera examinée, d’abord en Commission du développement durable à la mi-mai, puis en séance plénière à partir du 4 juin. La CGT réfléchit actuellement à appeler ce jour-là à la mobilisation, en convergence avec les cheminots confrontés aux mêmes problématiques. Sur les aspects sociaux notamment, il y a un combat à mener sur le contenu du texte de loi, puis sur celui des décrets d’application qui va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année. Mais il faut viser plus loin. En effet, la LOM n’est que l’instrument permettant de définir les modalités de l’ouverture à la concurrence. Au-delà de cette loi, il s’agit bien de remettre en cause le dogme de la libéralisation des transports urbains, donc de remettre en cause le règlement européen OSP qui est à l’origine de l’attaque que nous subissons aujourd’hui contre l’entreprise publique et son modèle social. Or, ce texte a vu le jour suite à l’adoption en 1992 du traité de Maastricht qui a imposé la loi de la concurrence dans les services publics, et aussi parce qu’une majorité de députés européens l’ont voté. Car, il faut le rappeler, c’est bien le Parlement européen qui vote les lois, et non la Commission de Bruxelles comme le croient encore trop de nos concitoyens.

L’élection du 26 mai est donc déterminante. Aurons-nous ou pas demain au Parlement européen des députés qui s’opposent au libéralisme et y relayent l’espérance d’un changement de cap ? Tel est l’enjeu.

 

Où en sommes-nous de la campagne ?

Il y aura 14 listes, dont 6 à gauche : la nôtre, celle de FI, celle de Hamon, celle du PS allié à Place Publique, celle d’EELV et celle de LO. Cette dispersion n’est pas de notre fait. Nous avons agi pour une liste commune, mais nos efforts n’ont pas abouti, à la fois parce que les autres forces ont refusé cette union par choix stratégique, mais aussi parce que les divergences sont réelles et parfois profondes entre ces partis sur le sujet de l’Europe.

C’est dans ce cadre que nous avons constitué une liste rassemblant la « gauche d’en bas » et qui est conduite par Ian Brossat, avec un slogan : « Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent ». Il faut pointer ce qui fait l'originalité de cette liste :

  • Le PCF est la seule force à gauche à avoir rejeté tous les traités européens néolibéraux (je rappelle que tout le PS, dont Mélenchon et Hamon, ainsi qu’EELV avaient appelé à voter pour le traité de Maastricht, et que LO avait appelé à l’abstention, le Oui l’emportant de justesse).
  • C’est aussi grâce au PCF qu’a pu se constituer au Parlement européen un groupe rassemblant les forces anti-libérales du continent. Ce travail doit être poursuivi. La présence de députés issus de notre liste est indispensable pour cela. On voit par exemple que FI se place dans une tout autre logique et s’apprête d’ailleurs à lancer une organisation concurrente du Parti de la Gauche Européenne.
  • Cette liste est celle du monde du travail, une liste composée pour moitié d'ouvriers et d'employés, la liste qui peut faire élire la première ouvrière au Parlement européen.
  • Cette liste porte un projet clair pour l’Europe : celui d'une Union de peuples et de nations libres, souverains et associés, que nous voulons faire émerger en combattant les logiques de la construction européenne actuelle et en portant l’idée de coopérations choisies. Il y a là une conception à valoriser à un moment où le Brexit fait la démonstration que le monde du travail n’a rien à gagner à sortir de l’Europe, et que la vraie solution, c’est bien de la changer et non de la quitter.

D’autres propositions à la fois radicales et crédibles incarnent « l'Europe des gens » que nous voulons construire, à l'opposé de la dictature de l'argent :

  • Face au dumping social, nous proposons l’instauration d’un SMIC européen égal à 60% du salaire net moyen de chaque pays et des dispositions pour contraindre les entreprises à l'égalité professionnelle femmes-hommes.
  • Contre la libéralisation, nous portons l’idée d’un moratoire sur les textes comme le règlement OSP.
  • Face à la règle des 3 % maximum de déficit public, nous opposons notre propre règle d'or sociale et écologique, avec notamment la création d’un Fonds de développement européen pour financer les dépenses utiles comme les services publics ou la transition énergétique.
  • Face à l'évasion fiscale, nous avançons l'objectif de zéro fraude fiscale en Europe en interdisant les paradis fiscaux et en renforçant l'imposition des multinationales.
  • Nous portons aussi l'ambition d'une Europe de la paix et de la solidarité avec une baisse des dépenses militaires et une politique d'accueil des réfugiés.
  • Enfin, puisqu’il faudra bien changer radicalement les règles du jeu pour construire une Europe dans laquelle les peuples se reconnaissent, nous proposons l’engagement d’un processus citoyen pour élaborer un autre traité de l’Union européenne fondé non plus sur la « concurrence libre et non-faussée », mais sur la promotion des droits humains et du progrès social.

Aucune autre force ne porte de telles propositions politiques.

Je rappelle que pour avoir des élus, il nous faut passer la barre des 5%. Les derniers sondages, réalisés après l’émission sur France 2 où nous avons réussi à imposer la présence de Ian Brossat (dont la prestation a été unanimement saluée) nous montrent en progrès, autour de 3%. L’objectif est donc atteignable. Mais les médias dominants ne nous feront pas de cadeau. L’essentiel dépend de la mobilisation des communistes, qui dans notre section est encore loin d’être à la hauteur de l’enjeu. Pourtant, les initiatives qui se sont tenues jusqu’ici ont rencontré beaucoup d’échos positifs. Je pense à celles qui ont eu lieu à Aubervilliers ou à Championnet où nous avons recueilli à chaque fois des dizaines de signatures en un temps record sur l’appel à voter pour la liste Brossat.

A qui s’adresser ? 56% des Français ont aujourd’hui l’intention de s’abstenir le 26 mai, et ce pourcentage est le plus élevé dans les couches populaires. Si le Parlement européen est perçu comme éloigné des préoccupations de beaucoup de salariés (et ceux de la RATP ne font pas exception), j’ai montré tout à l’heure qu’il y a un lien direct entre ce qui s’y est décidé hier et s’y décidera demain sur l’organisation du service public et le quotidien des personnels, un quotidien fait d’inquiétudes sur leur avenir. Et c’est ce lien que nous devons les aider à faire pour les intéresser à cette élection. Il faut aussi rappeler que, puisqu’il s’agit d’un scrutin à la proportionnelle, chaque voix compte et pèsera le même poids, qu’on vte à Courbevoie, à Montreuil ou dans une petite commune de Seine-et-Marne. La priorité pour nous, c’est de gagner au vote Brossat les électeurs de gauche. Adressons-nous en particulier aux syndicalistes, à toutes celles et tous ceux impliqués dans la vie sociale de l’entreprise, et qui, une fois convaincus, peuvent eux-mêmes en convaincre d’autres.

Pour mener cette campagne, nous avons plusieurs matériels à notre disposition :

  • Le « Ça roule » que vient d’éditer notre section. Ce numéro fait le point sur la LOM, mais il fait aussi le lien avec la nécessité de s’attaquer à la logique libérale dans les services publics, et montre en quoi le vote Brossat le 26 mai est un acte utile pour cela. Il s’agit à présent d’assurer sa diffusion de masse dans les attachements, en particulier sur trentaine de gros sites que nous avons recensés (14 centres bus, 7 ateliers et 9 sites tertiaires), dont 2 (LYBY et Pleyel) ont déjà été couverts ce matin.
  • Il y a l’appel à voter, sur lequel nous avons déjà recueilli plus de 200 signatures. C’est l’outil privilégié pour aller au contact et aborder la question du vote, notamment en complément de la diffusion du journal.
  • Enfin, l’Huma vient de sortir un numéro spécial sur l’Europe. La section va en commander et payer 30 exemplaires qu’on pourra donner gratuitement aux collègues les plus intéressés par l’enjeu de l’élection.

Par ailleurs, un meeting régional avec Ian et les candidats d’Ile-de-France de la liste se tiendra le jeudi 16 mai à 19h au gymnase Japy (Paris 11°arrt). Un tract est à disposition pour faire connaître cette initiative. Chacun peut, soit l’encarter dans le « Ça roule » à l’occasion de la diffusion du journal, soit le distribuer de façon plus ciblée, de la main à la main ou par mail, à ses contacts. Celles et ceux qui viendront à ce meeting en tireront motivation et arguments pour s’engager à leur tour dans les 10 jours qui resteront avant le vote.

 

Je vous propose maintenant d’engager la discussion sur les différents points abordés dans cette introduction.