Section PCF RATP

Section PCF RATP
Accueil
 
 
 
 

Assemblée du 28 juin 2019 - Rapport introductif

Je ne peux commencer ce rapport sans aborder les élections européennes.

Beaucoup ont déjà écrit sur ce sujet, y compris des responsables communistes et je ne vais rien inventer, ni vous sortir une analyse de derrière les fagots à laquelle personne n’avait songé.

Mais il est bon de se remettre dans le contexte et d’y réfléchir à tête froide.

 

Un premier constat s’impose : à l’échelle européenne, même si les partis nationalistes n’ont pas fait les scores qu’ils espéraient, ils sont maintenant, et cela un peu grâce à notre président, installés dans la sphère politique européenne.

La finance, les libéraux remportent une victoire et les forces de transformation sociale sont en net recul.

Alors que la crise s’amplifie en Europe et aggrave les inégalités et la pauvreté, ils ont réussi à dévoyer la colère des peuples, en renforçant les nationalismes et en se posant, dans ce contexte, comme garants de la démocratie face à la montée des extrême-droites.

 

Plus globalement, concernant les rapports de forces électoraux et la situation qui en découle : l’ambition de Macron de structurer la vie politique autour d’un affrontement avec le RN était / est un pari dangereux, mais réussi. Il inscrit En Marche durablement dans le paysage politique, en aspirant cette fois-ci une grande partie de l’électorat de droite. En Marche est désormais le grand parti à droite.

Malgré la colère sociale, malgré les crises économique, démocratique, sociale, le camp de la réaction sort renforcé.

 

Notre score décevant (564 717 voix au total), dans un contexte d’une participation plus forte que prévue et qui de fait ne nous a pas profité, a pour conséquences : Pas d’élu au Parlement européen, ce qui est évidemment un handicap pour mener les batailles politiques nécessaires à l’échelle européenne ; et des finances en difficulté, puisqu'en dessous des 3 %, nous ne serons donc pas remboursés des frais engagés dans cette campagne. D’où l’importance de la souscription nationale lancée pour recueillir des fonds pour notre parti.

Il y a peut-être plusieurs remarques à approfondir et à mettre en débat :

  • Notre score s’inscrit dans un contexte général où la gauche demeure très faible. Sans dynamique à gauche, le vote communiste est encore moins évident.
  • L’abstention, même en recul, reste massive et traduit l’incapacité à ce stade, pour nous et pour l’ensemble de la gauche, à incarner une alternative crédible à Macron, notamment pour les salariés semble-t-il. Elle est en effet plus forte chez les ouvriers (55 %) et les employés (59 %) !
  • Le renforcement de notre organisation et des gestes militants demeurent un enjeu majeur puisque 38 % de notre électorat s’est abstenu, alors que de nouveaux électeurs de gauche se sont emparés du vote communiste.
  • Le monde du travail, alors que notre liste l'incarnait avec ses candidats et candidates et avec nos propositions, n’identifie pas le vote communiste comme un levier pour apporter des réponses à sa colère, mais aussi à ses aspirations.
  • La fin de campagne qui a cristallisé deux questions : l’affrontement organisé et mis en scène médiatiquement Macron / Le Pen et la question écologique. Dès lors, nous avons visiblement échoué dans la prise en compte d'enjeux essentiels qui auraient pu conduire à une mobilisation populaire sur le vote pour notre liste.
  • La crise climatique et écologique a, pour de nombreux électeurs, conduit à une mobilisation sur le vote EELV, parce que la nécessité de transformer radicalement la société pour y répondre n'est pas entendue. Parce qu'aussi, pour qui voulait s'extraire du duel orchestré LRM/RN, tout en ayant pris conscience de la crise environnementale, le vote Vert a constitué une alternative ou un compromis, ou encore a permis de donner un sens citoyen à un geste qui ne se voulait pas politique.

 

Pour autant, ce mauvais résultat dans les urnes contraste avec des éléments positifs :

  • La très belle campagne de nos candidats et candidates, de notre tête de liste, Ian Brossat, de nos députés sortants, Patrick Le Hyaric, Marie-Pierre Vieu, de tous nos candidats qui se sont révélés, avec un fort investissement des animateurs du Parti.
  • Des liens renforcés avec des acteurs du mouvement social, de la culture et de la création, des intellectuels et des personnalités de gauche, nationalement et localement, qu’ont traduit le Comité de soutien, les nombreux appels à voter « sectoriels », etc. . L’incarnation, avec Ian notamment, de renouvellements attendus dans la vie politique, qui participe certainement d’un intérêt confirmé des jeunes de 18 à 24 ans (4 %).
  • Le PCF est apparu comme une force qui ne cède pas sur des valeurs essentielles à gauche : contre le pouvoir de l’argent, contre les idées xénophobes en ne lâchant rien par exemple sur l’accueil des réfugiés, pour les services publics alors que la bataille idéologique tend à faire prévaloir la concurrence de tous contre tous...
  • Si le résultat est très décevant, la dynamique de campagne, l’enthousiasme militant, le regard nouveau porté sur le PCF et sur son rôle dans la bataille idéologique et dans les luttes, sont des points d’appui pour avancer

 

Quel est l’état des lieux au sortir de cette consultation électorale ? 

Le paysage politique est bouleversé, avec :

  • L’installation durable d’En marche qui a capté une bonne partie de l’électorat de droite et va désormais chercher à nationaliser tous les scrutins, dans le cadre de son « face à face » avec l’extrême-droite.
  • Un RN qui apparaît de plus en plus comme une alternative politique possible à Macron et à ses politiques ultralibérales.  
  • Des forces politiques à gauche qui n’ont pas encore trouvé le chemin du dialogue indispensable sur les conditions d’une unité de la gauche sur des valeurs, un projet, sur les conditions d’une alternative progressiste au duo Macron / Le Pen ;
  • La pérennisation d’une abstention massive de l’électorat populaire, même avec le sursaut de participation, et le constat que la finance a encore gagné la bataille va alimenter le sentiment d’impuissance politique.

 

Quelles perspectives pour le PCF ?

D’une part, mobiliser, dans la perspective des municipales, sur la double ambition partout de battre la droite (LREM et LR) et l’extrême-droite, qui n’ont pas le même électorat.

D’autre part, ouvrir tout de suite des perspectives pour ne pas laisser ouvert ce piège terrible, notamment en travaillant des batailles politiques qui redonnent confiance, qui fassent la démonstration qu’il est possible de gagner face à Macron et à la finance :

  • La bataille du pouvoir d’achat et des salaires (avec l’enjeu du SMIC au 1er juillet).
  • La bataille sur le référendum contre la privatisation d’ADP, que nous pouvons gagner et dans laquelle nous pouvons faire grandir des idées communistes. A ce stade, plus de 300 000 soutiens au référendum ont été recensés. Sachez cependant que réunir ces 4,7 millions de signatures ne signifie pas référendum systématique, mais obligation pour le Parlement d’aborder cette question. Il suffit que le Parlement légifère pour que le référendum ne voie pas le jour. La bataille ne s’arrêtera pas qu’à la signature.
  • La bataille contre le projet de démolition de notre système de retraites et pour une réforme progressiste de celui-ci. Manifestement, le gouvernement reste dans l’expectative, pas sur les finalités, mais sur le meilleur moment de discuter ce projet. L’heure des choix difficiles se rapproche et la tentation de repousser l’échéance grandit, tant il a conscience que cet enjeu de société peut cristalliser toutes les colères et mobiliser, de part et d’autre de l’échiquier politique, tous les mécontentements. La présentation en Conseil des ministres pourrait ne se faire qu’en décembre et il ne serait voté qu’après les municipales.
  • La poursuite de nos batailles pour la défense et l’extension des services publics, en particulier, en ce qui nous concerne, le domaine des transports et la LOM qui s’inscrit dans un libéralisme sans complexe, préparant notamment la filialisation/privatisation de la RATP en vidant l’EPIC de son contenu et entérinant la multiplication des sociétés opératrices en Ile-de-France. Dans ce cadre, Valérie Pécresse, qui avait décidé de soumettre l’exploitation du T9 à appel d’offres, vient d’octroyer le marché à Kéolis. La RATP n’y voit qu’un jeu de la concurrence ; nous y voyons, nous, une mise en concurrence entre deux entreprises publiques, l’inquiétude pour nos collègues machinistes du 183, la remise en cause de l’unicité du réseau et de la multi-modalité. Si nous lions cette décision politique aux attaques perpétrées contre nos camarades militants de Croix-Nivert qui subissent une sanction inique pour avoir rempli leur mission de défense du salariat, nous avons une bonne image de l’opposition à laquelle nous sommes confrontés et du niveau d’intervention qu’il va nous falloir mettre en place. Après la LOM, c’est un contexte complètement nouveau qui est en train de se mettre en place dans les transports publics franciliens, avec à terme près d’une centaine de sociétés exploitantes, qui auront toutes le statut de sociétés anonymes, donc tournées vers la rentabilité financière. Cela veut dire course au dumping social, mais aussi une organisation source de gâchis et d’inefficacité si on se place du point de vue de l’intérêt général. La question de constituer un grand monopole public des transports en Ile-de-France finira donc par se poser pour répondre à tous les dysfonctionnements qui ne manqueront pas d’émerger. De même que se posera la question d’un statut unifié des personnels. A nous de porter l’une et l’autre comme solutions d’avenir. Dans l’immédiat, le premier terrain de mobilisation va être le contenu des décrets sur la LOM qui devraient sortir fin 2019, et notamment celui qui définira les conditions de travail.

 

Tout cela avec en ligne de mire le grand rendez-vous politique de la Fête de l’Humanité.

Elles sont toutes importantes, mais celle-ci se situe dans un contexte européen déplorable, dans un contexte d’attaques insidieuses contre les plus démunis, les précaires, les sans-emploi :

  • Augmentation du seuil d’accès au droit à 6 mois au lieu de 4, soit près de 300 000 personnes qui perdent toute indemnisation.
  • Recul de 1 mois à 6 mois du rechargement des droits : encore des milliers de perdants.
  • Dégressivité de 30% pour les cadres après 6 mois au-delà de 4500 euros bruts mensuel, sauf après 57 ans.
  • Quelques centaines de personnes qui servent de leurre : le Medef a aussitôt demandé à baisser les cotisations, confirmant la mise en danger de la solidarité interprofessionnelle.
  • Mise en œuvre d’une indemnisation pour quelques milliers de travailleurs indépendants et de démissionnaires.
  • Au 1er janvier 2020 : bonus-malus, limité à 7 secteurs d’activité, avec variation de 1 point de la cotisation. Autant dire une mesure symbolique qui ne fera pas vraiment renoncer le patronat à la précarité ; taxe forfaitaire de 10 euros par contrat d’usage.
  • Au 1er avril 2029 : baisse de l’indemnisation, avec sans doute un plafond mensuel qui baissera les droits de 1 chômeur sur 5.

Le gouvernement annonce donc des mesures très dures : des travailleurs déjà très précaires vont perdre toute indemnité, d’autres vont voir baisser leurs droits, y compris des cadres. Les grands perdants sont les travailleurs précaires, catégorie en constante augmentation. Il n’a retenu aucune mesure proposée par les syndicats, en particulier la CGT, qui a proposé d’augmenter le nombre d’indemnisés en abaissant le seuil ou de mettre à contribution les gros employeurs qui abusent des contrats précaires et les imposent à leurs sous-traitants.

 

C’est vous dire comme nous souhaitons la réussir, cette Fête de l’Huma. Car nous devons aussi porter la perspective d’une alternative crédible à gauche face à l’offensive ultralibérale de la droite macroniste et au danger du RN.

Le Parti communiste est plus que jamais disponible pour contribuer à ce rassemblement, sans exclusive, dans la diversité des forces concernées, avec la volonté de ne pas reproduire les expériences qui ont inlassablement fini par échouer, parce qu’elles reléguaient les enjeux de contenus et l’intervention populaire privilégiant des accords de sommet. C’est dans cet esprit qu’un courrier, signé conjointement de Fabien Roussel et Ian Brossat, a été envoyé aux partis politiques qui se réclament de la Gauche. Plus que jamais, comme nous l’avons décidé au Congrès, nous visons un rassemblement majoritaire, dont le contenu soit à la hauteur pour transformer réellement l’ordre existant dans la société, les entreprises et les institutions. Il implique de mener le débat en permanence, aussi bien avec les travailleuses et travailleurs, les citoyennes et citoyens, qu’avec les partenaires de constructions unitaires. Cette construction ne peut donc se résumer à des questions d’alliances, fussent-elles indispensables, car celles-ci ne feraient pas le poids dans la situation présente.

Nous devons définir, lors de notre AG, le débat que nous voulons animer dans notre stand, ainsi que le programme durant ces trois jours d’activité militante. La question de la réforme des retraites risquant de se situer à des dates assez éloignées, je vous propose d’aborder le sujet de la filialisation/privatisation, en regard de la prise de position de Valérie Pécresse sur le T9 (premier exercice avant la mise en concurrence du réseau de surface), de la mise en concurrence, par le gouvernement, de deux entreprises publiques de transport (RATP vs SNCF) sur un marché appartenant déjà à l’une d’elle, du devenir de l’EPIC RATP dans la situation probable où la RATP ou ses filiales ne récupère pas la totalité des marchés. Quid des agents, quid du matériel, quid de l’unicité du réseau, quid de la multimodalité su réseau ? Je vous propose d’inviter des syndicalistes CGT de Kéolis, la Fédération des Cheminots, la Fédération des transports pour un débat large.

Notre assemblée Générale doit, outre le débat du samedi, se prononcer sur le renouvellement  du repas des retraités du vendredi et sur l’initiative Palestine, faite avec l’association Amitié Palestine Solidarité de notre camarade Miguel Hernandez, et en présence de la camarade Fadwa Khader, membre du PPP.

Il faut aussi que nous décidions aujourd’hui du contenu du « Ca roule » de rentrée qui annoncera la Fête, pour donner au Comité de rédaction un mandat clair.

Mais pour avoir du monde, il nous faut vendre les vignettes, nous avons tout juillet, août et début septembre pour cela. Les responsables de secteur sont sollicités, y compris moi, pour faire leur boulot.

 

Le dernier point concerne l’Université d’été du Parti qui a lieu à Aix en Provence les 23, 24 et 25 août. Cadre idyllique par excellence, j’ignore si c’est le meilleur endroit pour la réflexion intensive, en tout cas, ces universités d’été sont importantes pour les échanges avec d’autres expériences de militantisme, d’autres éléments de compréhension sur les mêmes sujets, d’autres motivations pour l’élargissement des luttes.

Ces universités sont tout sauf des centres de vacances adultes.

Je ne saurais trop vous conseiller, en fonction de vos disponibilités, de vous y inscrire. Le Parti a tout à gagner à voir ses militants se former, échanger, analyser, comprendre. C’est le sens de l’investissement financier lourd que le Parti met sur ces universités.

 

Merci de votre écoute.