L’épreuve que nous venons tous de traverser a révélé l’ampleur des dégâts de 30 ans de politique libérale :
Mais en même temps, cette crise a aussi montré où sont les vraies forces de la société française :
Mais, malgré leurs discours, ce n’est manifestement pas le chemin que nos dirigeants entendent emprunter. Ainsi, que nous prépare-t-on du côté du gouvernement, de la direction de la RATP et de celle d’IdFM ?
Autrement dit, ceux-là veulent nous imposer les mêmes vieilles recettes, en pire…
Le transport public a été durement touché par la crise. La baisse du trafic voyageurs prive notamment IdFM de ressources importantes. Or, par son rôle dans la mobilité des personnes, mais aussi par l’ampleur de ses commandes à l’industrie, ce secteur occupe une place déterminante. Son redressement est donc une des conditions de la relance de l’économie du pays. Mais ce n’est pas en supprimant encore plus d’emplois et en s’attaquant aux droits, aux conditions de travail et à la rémunération des salariés qu’on va y parvenir.
La baisse du « coût du travail », on a déjà donné. Elle n’a servi qu’à enrichir ceux qui étaient déjà les plus riches, aggravant les inégalités. Elle a plongé des millions de personnes dans les difficultés, tuant la consommation et la croissance.
On peut les trouver si on décide d’aller chercher l’argent là où il est. Mettons donc à contribution les revenus du capital :
Il est également temps de sortir des dogmes du libéralisme.
E. Macron lui-même a été contraint de le dire : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché »
Si la RATP a pu mettre sur pied en un temps record un service de navettes pour transporter les personnels soignants, c’est parce qu’on s’est affranchi des soi-disant « règles de la concurrence », et parce que le réseau bus en zone centrale est encore opéré par une entreprise publique intégrée et non pas par une flopée de sociétés anonymes en compétition les unes avec les autres.
Cette expérience en témoigne : il faut mettre un terme à la libéralisation des transports. Avec comme première étape un moratoire sur tous les textes qui l’organisent (règlement OSP, loi ORTF et LOM).
Pour imposer son nouveau plan d’économies fondé sur des sacrifices pour les personnels, la direction invoque les difficultés financières de l’entreprise suite à la crise sanitaire. Mais qu’en est-il en réalité ?
- Les comptes de la RATP sont bien moins impactés que ceux d’IdFM, qui supporte l’essentiel des pertes de recettes voyageurs en vertu du contrat signé avec notre entreprise.
- La crise aurait un impact négatif de 312 M€ sur le résultat net de l’EPIC RATP en 2020.
- Ce chiffre est à rapprocher des prévisions budgétaires : 320 M€ de résultat net. Donc l’EPIC RATP ne finira pas l’année dans le rouge.
- Ce qui peut plomber les résultats du Groupe RATP, ce sont les filiales et notamment RATP Dev.
- Mais cette filiale est un gouffre financier depuis des années. Malgré près de 400 M€ d’apport en capital et un premier prêt de 150 M€ de l’EPIC RATP, elle a affiché des pertes en 2018 et 2019. Ses difficultés sont donc bien antérieures au Covid-19.
- Comme l’a démontré la CGT RATP, des pistes existent pour faire des économies autrement que sur le dos des agents :
- Abandon du projet LYBY+ (qui, en réaménageant le siège en flex office, va dégrader considérablement les conditions de travail, sans parler des risques de contamination !) : 90 M€ économisés.
- Abandon des dotations de capital prévues en 2020 aux filiales du groupe : 106 M€ économisés.
- Abandon du prêt consenti à RATP Dev (elle peut se redresser en vendant une partie de ses actifs) : 100 M€ économisés.
- Rappelons en comparaison qu’une augmentation générale des salaires de 3% coûte environ 80 M€, cotisations patronales incluses.
le 12 June 2020