Cher-e-s camarades,
Ce rapport va aborder les éléments discutés lors de la Conférence Nationale de notre Parti et les choix à faire en vue des élections Présidentielle/Législative de l’année prochaine.
Néanmoins, avant d’aborder ce sujet principal, je veux aborder quelques éléments qui peuvent nous aider à situer notre action politique dans la période.
En premier lieu, impossible de ne pas parler de la gestion de la crise sanitaire.
Macron a décidé d’un assouplissement des mesures censées enrayer la pandémie de Covid alors même que nous sommes dans des taux de contamination similaires, voire plus importants, qu’à certaines périodes où des mesures avaient au contraire été mises en place pour endiguer l’épidémie.
Ce type de situation est entièrement nouveau pour notre pays et je ne peux pas dire si nous l’aurions mieux géré en étant au pouvoir, mais notre soirée sur les vaccins de mars avec des camarades maîtrisant bien les enjeux de la santé et de la fabrication de médicaments a bien pointé les responsabilités de ce gouvernement et des précédents dans la gravité de la crise sanitaire que nous traversons.
Il paraît d’ailleurs de plus en plus évident que les mesures sont prises soit un peu au hasard, soit en prenant en compte d’autres éléments que la seule lutte contre la pandémie. Comment ne pas voir par exemple dans l’assouplissement que nous commençons à connaitre cette semaine une mesure à vocation électoraliste alors que les régionales approchent et à un an de la Présidentielle ?
Notons également qu’un bougé important a lieu sur la question des brevets puisque le gouvernement des USA commence à parler de les lever sur les vaccins anti-Covid.
Cela rejoint ce que nous réclamons au travers de notre pétition européenne avec de nombreuses forces de gauche anticapitalistes et des associations comme Médecins du Monde, et donne une visibilité nouvelle à cette demande. Nous devons en profiter pour accélérer sa signature qui obligerait le Parlement européen à se positionner sur la question. Je nous invite donc à la faire connaître au maximum autour de nous. Le lien est à retrouver sur les derniers bulletins de section ou tout simplement en entrant les mots « Pas de profit sur la pandémie » dans un moteur de recherche.
Autre sujet, lors de notre dernière AG, nous avions pointé la montée des idées d’extrême droite, y compris parmi des forces qui se disent être « le meilleur barrage à l’extrême droite » comme LREM.
Après plusieurs lois ultra-sécuritaires, on se rend compte que les 3 droites (libérale, conservatrice et extrême droite) peuvent se retrouver à peu de choses près sur une même ligne.
Mais pire encore, cela correspond à un sentiment de plus en plus affiché dans une part croissante de la population qui stigmatise « l’autre » (quel qu’il soit d’ailleurs). En mélangeant facilement tous les problèmes du quotidien même lorsqu’ils n’ont pas de lien direct : emploi, immigration, éducation, insécurité, propreté.
Impossible pour l’immense masse de Français qui tombent dans ce piège de passer au-delà pour voir que ces problèmes sont en réalité tous des conséquences du système capitaliste dans lequel nous vivons. A partir de là, chacun entre donc dans un individualisme, un repli sur soi et un égoïsme qui ne poussent qu’au rejet et à la défiance constante.
Comment dans ce cadre s’étonner de la part croissante d’individus qui ne s’impliquent pas dans la vie sociale, politique, syndicale et associative du pays ? Ou de voir la montée d’options politiques tendant au fascisme ? Ou encore de voir une défiance forte s’installer envers tout, y compris envers les forces qui tendent à un changement profond du système ?
Les signes sont multiples et communs à toute l’Europe : hausse de l’abstention, montée des partis d’extrême droite, affichage d’idées ou démonstrations publiques à caractère pro-fascistes ou pro-nazis, hausse des actes violents racistes, xénophobes, homophobes, etc… mais aussi par ricochet sans doute, affaiblissement et division des forces de gauche…
L’attaque subie par la CGT en est l’une des conséquences visibles : des individus Gilets Jaunes et Black Blocks qui se disent en rejet de Macron et de ses élites font le choix de venir manifester, mais finissent par s’attaquer aux militants de l’organisation qui a convoqué cette manifestation. Plutôt que de s’en prendre aux libéraux ou à l’extrême droite, ils s’en prennent à ceux qui les combattent, au prétexte qu’eux seraient plus « purs » ou plus intransigeants…. comme s’il n’y avait pas plutôt urgence à stopper le rouleau-compresseur libéral !
Voilà le type d’absurdité absolue dans laquelle mène cette voie empruntée lentement mais sûrement depuis 30 ans.
Il est urgent d’aller à l’opposé ! Ce qui veut dire repolitiser les discussions et le débat, donner des marqueurs clairs d’identification de ce qu’est la gauche, ce qu’est la transformation sociale et où elle doit mener.
Nous avons une responsabilité importante à jouer car nous sommes de celles et ceux qui avons un cap clair en tête. Reste toujours à le faire connaître, le décliner jusque dans les réponses aux problèmes du quotidien dont je parlais tout à l’heure et le visibiliser au maximum.
Autre sujet important à venir : les élections régionales de juin.
Ces élections vont nous concerner au premier plan puisque le prochain mandat sera celui de la libéralisation ou non des transports en commun. Valérie Pécresse mène à tambour battant le dossier de l’ouverture à la concurrence depuis le dernier mandat. L’enjeu est donc fondamental de lui faire barrage, pour l’avenir de notre entreprise et les conditions d’emploi d’une majorité de nos collègues.
A gauche, 3 listes se présentent : la nôtre, PCF-LFI conduite par Clémentine Autain, celle du PS conduite par Audrey Pulvar et celle d’EELV conduite par Julien Bayou.
Les sondages, même s’ils nous faut bien sûr les prendre avec des pincettes, confirment encore un peu plus le recul de la gauche puisque chacune de ces listes feraient aux alentours de 10-12% quand la candidature de Valérie Pécresse est à elle seule créditée de plus de 30%, alors que LREM et le RN comptent aussi présenter des candidats.
Ces chiffres peuvent donc nous faire peur et nous pousser à la résignation, mais il faut bien prendre en compte deux choses fondamentales qui peuvent faire basculer le scrutin :
Il faut donc avoir en tête que, si notre liste arrive en tête de la gauche au 1er tour et que la gauche se mobilise derrière nous au 2nd tour, nous pourrions gagner la région Ile-de-France au nez et à la barbe des 3 forces de droite divisées. Nous aurions dans ce cas de figure un nombre d’élus communistes jamais atteint depuis 30 ans pour mettre en œuvre nos politiques et protéger par exemple le service public de transport de sa mise en concurrence.
Dans le cas où nous ne serions pas la première force de gauche, on aurait quand même l’opportunité de retirer la région à Pécresse et de la remettre entre les mains d’une force de gauche, avec laquelle nous aurions pu fusionner si nous passons la barre des 10%.
Ces calculs er sont évidemment très théoriques pour l’instant, mais ils nous laissent une possibilité non-négligeable de bloquer les plans de la droite à la région et de gagner en visibilité en ayant plus d’élus. Chaque voix va donc compter et l’enjeu n’est pas négligeable à moins d’un an de la double échéance Présidentielle/Législatives qui va occuper la suite de notre AG.
Nous devons donc être à l’offensive et ne rien lâcher. D’autant que la place a été faite sur notre liste à de nombreux candidats issus de la RATP et de la SNCF.
Plusieurs camarades de la section ou avec qui nous travaillons régulièrement sont d’ailleurs sur les listes (Bertrand Hammache, Alex El Gamal, …).
Nous avons proposé à la dernière AG la rédaction d’un appel à voter. Il est maintenant disponible et va réunir près d’une centaine de signataires dans l’entreprise dès son lancement. Nous devons le faire connaitre largement autour de nous. C’est un moyen facile d’entrer directement dans le vif du sujet sur les raisons de voter pour cette liste avec des collègues proches de nous.
Un « Ça Roule » spécial régionales va également être disponible d’ici quelques jours. Nous devons le diffuser de manière dématérialisée autour de nous, mais aussi l’utiliser en diffusion de masse pour retourner au contact physique sur le terrain dans tous les attachements où nous pouvons être présents.
J’en viens maintenant au cœur de notre discussion : le choix de notre stratégie pour les élections Présidentielles et Législatives de 2022.
Lors du dernier Congrès, cette question avait été portée très fortement puisque de nombreux camarades ne digéraient pas la manière dont Jean-Luc Mélenchon nous traitait et traitait notre Parti malgré notre soutien, politique, matériel et militant.
Une large majorité de camarades réclamaient donc que nous ne nous retrouvions plus dans une situation similaire lors des échéances suivantes.
Un processus inédit a donc été mis en place cette année en préparation des échéances de 2022 : une Conférence Nationale a eu lieu en avril avec près de 1000 délégués issus de toutes les Fédérations. Je précise au passage qu’un formidable défi a été relevé pour pouvoir tenir cet événement dans des conditions sanitaires satisfaisantes, c’est-à-dire en ne réunissant physiquement jamais plus de 10 délégués ensemble. Il y a donc eu plus de 100 locaux de sections, appartements de camarades, etc… connectés entre eux pendant les 3 jours de la conférence. C’est une première historique en France !
Dans notre section aussi, cette demande de mieux anticiper les échéances Présidentielle/Législatives avait été fortement réclamée lors du Congrès de section.
Au sein du Comité de section, nous avons donc cherché à nous assurer qu’aucun camarade ne soit dépossédé de ce débat. C’est pour cette raison que nous avons proposé lors des dernières AG de remonter une contribution de la section qui récapitule les positions largement partagées par les camarades.
C’est également pour cette raison que nous avons organisé une large session de rappels téléphoniques pour s’assurer que tous les adhérents soient bien informés du vote. Je tiens d’ailleurs à remercier la dizaine de camarades qui ont participé à la mise en œuvre de ces rappels.
Hier soir, nous avions déjà reçu les votes de 73 camarades. Le vote reste ouvert jusqu’à dimanche 13h. Si certains n’ont pas encore voté, je vous invite bien entendu à le faire dès la fin de cette AG en retournant le bulletin de vote envoyé en début de semaine par mail à l’adresse de la section pcf.ratp@gmail.com ou pour les camarades n’ayant pas accès à une imprimante/scanner à envoyer directement leur choix par mail.
Alors j’en viens au fond politique : quel est l’enjeu de ce vote ?
Je vais chercher à ne pas être trop long pour laisser un maximum de camarades s’exprimer, mais je voudrais exposer clairement les diverses positions de ce débat. Au terme de l’ensemble du processus de réflexion engagé par le Parti, il en reste deux principales :
Ces deux options s’opposent sur un point crucial : la candidature que nous soutiendrions pour l’élection présidentielle. En revanche, dans les deux options, la stratégie pour les législatives est assez proche, puisqu’il s’agit dans un cas comme dans l’autre de rechercher l’union sur un programme et des engagements clairs.
Pour vous donner le fond de ma pensée, la vraie question qui nous est posée est donc : qu’attendons-nous de cette double échéance Présidentielle/Législatives, et même plus exactement : qu’attendons-nous de la présidentielle ? (puisque sur les législatives les deux options sont proches).
Pour les tenants de l’option 1, il est important que nous profitions de cette échéance comme d’un marchepied pour donner une visibilité à nos idées et faire voir notre programme. Les candidatures successives de Jean-Luc Mélenchon, avec notre soutien, lui ont donné une reconnaissance et une notoriété et lui ont permis d’exister et d’attirer dans son mouvement. A l’inverse, notre effacement n’a pas permis cela et nous nous sommes donc retrouvés inexistants sur la scène politique nationale malgré des propositions et un corps militant non négligeable.
Pour les tenants de l’option 2, c’est plutôt l’unité à gauche qui doit primer. Peu importe donc que nous ne puissions pas exprimer pleinement nos idées et notre programme, l’important étant de parvenir à un consensus pour obtenir une candidature commune au maximum de forces de gauche.
Une fois n’est pas coutume, plutôt que de reprendre la parole plus tard pour donner mon avis, je vais vous le donner directement dans ce rapport :
Pour moi, il est indispensable que nos idées puissent être vues. D’autant plus dans la période actuelle de crise économique et sociale profonde qui pousse un grand nombre de salariés à remettre en cause leur vision des choses. La situation est complètement différente de celle de 2007 où Marie-Georges Buffet s’était présentée pour le Parti.
Si nos idées et notre volonté transformatrice communiste ne sont pas visibles et clairement exprimées lors de l’élection présidentielle dans cette période compliquée pour le libéralisme, nous ratons une possibilité de montrer à cette partie de la population qui doute qu’un autre chemin et une alternative est possible.
La visibilité prime donc à mes yeux sur l’unité. D’autant plus que pour être efficace et mener à la victoire, l’unité doit permettre d’additionner, c’est-à-dire qu’elle doit se faire entre des forces qui ont chacune leur propre public. Si nous choisissons de ne jamais exprimer pleinement nos idées et notre volonté de changement radical au prétexte de trouver des alliés, comment convaincrons-nous plus largement que le reste de la gauche ? Pour le dire plus simplement (et un peu caricaturalement) : si nous proposons des mesures social-démocrates pour pouvoir nous allier aux sociaux-démocrates, renforçons-nous la gauche ou sommes-nous simplement en train de parcelliser un peu plus l’électorat social-démocrate ? Si nous voulons rallier des travailleurs à la gauche, nous devons faire connaître notre différence plutôt que de la gommer. Et l’élection présidentielle est certainement la meilleure vitrine.
D’autre part, la candidature la plus attendue à gauche est celle de Jean-Luc Mélenchon.
Mais je ne pense pas que sa candidature puisse réunir plus de voix que celles qu’elle a réunies auparavant. Bien au contraire, autour de moi, celles et ceux qui ont voté Mélenchon aux dernières présidentielles me disent pour une part importante qu’ils ne le referont pas. Le personnage est trop clivant.
Dans ce contexte, sa candidature (ou celle d’Hidalgo ou autre) ne satisfait pas, bien entendu, à visibiliser nos idées communistes mais, pas plus à faire gagner la gauche.
Voilà les principales raisons pour lesquelles je voterai pour l’option 1.
Dans une moindre part, une discussion a eu lieu sur le ou la camarade qui incarnerait le mieux une candidature communiste à l’élection présidentielle. La candidature de Fabien Roussel est celle qui a, réuni le plus de délégués, très loin devant celles d’Emmanuel Dang Tran ou Grégoire Munck. Mais nous sommes également appelés à voter sur ce choix de candidat au cas où l’option 1 l’emporterait.
Je ne serai pas plus long et je vous cède la parole !