Section PCF RATP

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Assemblée du 4 avril 2016 - Rapport introductif

Chers camarades,

 

Notre assemblée d'aujourd'hui est la dernière avant le Congrès de section qui se tiendra le samedi 14 mai.

L'objet de cette AG est de mesurer l'évolution du mouvement populaire contre la loi travail et, en liaison avec celui-ci, de poursuivre nos débats engagés lors des deux assemblées précédentes sur la construction d'une alternative de gauche.

 

Un véritable ras-le-bol monte dans le pays, nourri par des révélations qui montrent comment une fraction infime de la population, les 1% (milliardaires, actionnaires, banquiers, politiciens corrompus), passe son temps à détourner toujours plus de richesses à son profit tout en prônant l’austérité pour les autres. Après les augmentations indécentes que se sont accordées les PDG de Renault et Peugeot, le scandale des Panama Papers qui a mis à jour tout un système organisé d’évasion fiscale nourrit encore plus l’indignation. Comme on l’entend dans la bouche de très nombreux salariés, « trop c’est trop ». Voilà ce qui explique le mouvement multiforme de contestation qui prend corps contre la loi travail, à travers les mobilisations syndicales, les réseaux sociaux ou les occupations de places publiques. A nous de le nourrir et de contribuer à ce qu’il débouche sur un changement de cap.

Jeudi 31 mars, cette mobilisation sociale a franchi une nouvelle étape, y compris dans notre entreprise.

Le rassemblement du matin à la RATP pour les salaires a rassemblé plusieurs centaines d'agents. Il est l'expression d'un mécontentement d'autant plus fort que l'entreprise a annoncé des résultats record pour 2015, qui ont d'ailleurs servi pour partie à combler le manque de moyens pour financer les transports franciliens. Alors que la direction venait de faire savoir que la valeur du point était bloquée pour la deuxième année consécutive, l’annonce de ce prélèvement de 40 M€, décidé conjointement par la Droite régionale et le Premier ministre (et qui a fait l'objet d'un article du « Ça roule ») a fait monter la colère, à partir de l'idée qu'il y a de l'argent pour augmenter les salaires.

L'après-midi, le nombre de manifestants contre la loi El Khomri a doublé par rapport à la journée du 9/3 et franchi la barre du million. La participation des personnels de la RATP à cette manifestation a traduit un mieux, tout en restant insuffisante au regard des enjeux. Il y a donc besoin de continuer à développer l'idée que les agents de la Régie, mais aussi leurs enfants, sont directement concernés par ce qui est une régression sociale de grande ampleur.

Le Comité de section vous propose d’éditer un tract pour aider le mouvement à grandir à la RATP. Un recto-verso qui montrerait comment les sujets des salaires et de la loi travail sont liés par une même logique, puisque baisser le « coût du travail » et réduire les droits des salariés sont deux moyens d'un même objectif : transférer une part toujours plus grande des richesses produites vers le capital ; qui mettrait en avant la nécessité d’une vraie politique de gauche et son contenu, ainsi que nos efforts du PCF pour ouvrir une perspective sur cette base ; et qui montrerait aussi comment le FN par ses positions est à contresens des aspirations exprimées par ceux qu’il prétend représenter.

 

L’issue de la bataille contre la loi travail est essentielle. François Hollande et son gouvernement peuvent et doivent être battus. Ce combat appelle l’engagement total des communistes, à commencer par la manifestation de demain samedi et la nouvelle journée d’action prévue le 28 avril.

La loi proposée, parfaitement décryptée dans le numéro spécial de l’Humanité qui mérite la plus large diffusion, ne fera pas reculer le chômage, qui continue de progresser de manière alarmante, mais amplifiera la généralisation de la précarité. Loin de la modernité frelatée que nous vend le pouvoir, le projet du gouvernement, écrit sous la dictée du Medef, prépare une société d’insécurité, fragilisée. Nous pensons qu’une autre vision, celle d’une société de partage et sans chômage, est possible. Cela passe par des réformes-clés :

  • La mise en place d’un système de sécurité d’emploi et de formation pour tous tout au long de la vie active,
  • L’abaissement de la durée du travail à 32 heures et l’instauration de la retraite à 60 ans,
  • La création d’un pôle public financier qui permette de réorienter l’argent et le crédit vers la création d’emplois,
  • Le développement des pouvoirs d’intervention des travailleurs dans la gestion de leur entreprise.

La clé de la victoire est l’ampleur de la mobilisation populaire et la pression qu’elle doit mettre sans tarder sur le Parlement. Utile pour l’avenir du pays, de la jeunesse et des salariés, cette bataille et la victoire possible peuvent également l’être pour la reconstruction d’une alternative de progrès au pouvoir de Hollande-Valls-Macron. En effet, les forces populaires indispensables à cette reconstruction sont précisément celles qui se mobilisent en ce moment. Comment et par quel chemin ? C’est l’objet de nos discussions préparatoires au congrès du PCF de juin. Pour alimenter notre discussion d'aujourd'hui, je veux donc pointer les principaux éléments du débat.

 

Comme l'a dit Pierre LAURENT en réponse à la question « Mais avec qui voulez-vous préparer 2017 ? », « le périmètre des forces à rassembler, c’est toutes celles qui s’opposent à la loi El Khomri ». En effet, plus encore que des questions comme la constitutionnalisation de l'état d'urgence ou la déchéance de nationalité, les clivages politiques autour de la loi travail renvoient à un enjeu de classe : Quels intérêts doivent orienter la politique du pays ? L'avenir de la société est-il dans le renforcement du pouvoir du capital ou dans le développement des pouvoirs des salariés ?

En même temps, soyons lucides : au-delà de leur opposition à cette loi, l'unité politique de ces forces qui s'opposent au projet gouvernemental pour constituer une réponse alternative au piège de 2017 ne va pas de soi. La construire demande des initiatives. Lesquelles ? C'est là-dessus que se focalise la discussion des communistes préparatoire à notre prochain congrès, dans notre section comme ailleurs.

 

Dans la base commune adoptée à une très large majorité par le Conseil national, c’est la partie du texte qui suscite le plus de questionnements, de positions différentes, voire tranchées. Cela ne doit ni nous étonner, ni nous effrayer, car chacun d’entre nous a en tête que nous sommes dans une situation paradoxale et difficile, où cohabitent sans cesse potentiels de rassemblement et dangereuses impasses politiques. C’est ensemble, par des décisions démocratiques issues d’un libre débat, que nous trouverons les réponses les mieux adaptées. Cette procédure démocratique permet l’unité de notre parti.

La question de la primaire a occupé la majeure partie de la discussion lors de notre dernière assemblée. Pour éviter les faux débats, il faut préciser tout de suite de quoi il s’agit, ou plutôt de quoi il ne s’agit pas. Il n'est pas question de nous engager dans une primaire qui concernerait un arc allant de Macron à Mélenchon. Personne non plus dans notre parti ne propose de nous résigner à mener la campagne derrière Hollande pour sauver quelques sièges de députés. Ecartons ces caricatures, qui n’ont rien à voir avec nos objectifs, pour parler des problèmes que nous devons résoudre.

 

D'abord, et c'est un premier sujet de débat, il faut vérifier que nous partageons bien la même analyse de la situation.

Celle-ci est indiscutablement lourde de dangers. Après dix ans de droite et un quinquennat de Hollande où les pouvoirs successifs se sont employés à détricoter systématiquement notre modèle social et républicain, les appétits prédateurs du patronat se sont aiguisés. Le mouvement social et populaire, l’électorat de gauche sont profondément marqués par ces expériences qui, semblant fermer la porte à toute alternative, ont installé une défiance profondément ancrée, principal terrain de manoeuvre du FN. La conscience de classe, la conscience politique de gauche se sont affaiblies et les forces politiques et sociales de progrès sont profondément divisées. Cette déstabilisation est particulièrement ressentie par les millions d’électeurs de François Hollande au premier tour de 2012, largement les plus nombreux à gauche. Quelles conclusions vont-ils tirer de cette période ? Le renoncement définitif, le désarroi ou le ressaisissement ? L’issue de leurs choix individuels et collectifs pèsera très lourd dans la balance, lors des deux élections, présidentielle et législatives.

Si rien ne bouge d’ici 2017, tout conduit à un second tour de l’élection présidentielle où les électrices et électeurs devront faire leur choix entre le candidat de la droite et Marine Le Pen. On imagine les conséquences durables d’un tel choc, surtout si aucun parti, aucune force, n’a tenté ou n’est parvenu à conjurer un danger mortel pourtant largement annoncé.

 

Cela amène à un deuxième sujet de débat entre nous : Quelle ambition doit-on se fixer pour 2017 ? Est-il possible de construire une candidature porteuse d’un projet de gauche, autrement dit en rupture avec la politique de Hollande-Valls, capable de rassembler suffisamment pour mettre en échec ce danger prévisible ?

A l’heure qu’il est, la dispersion maximum reste le scénario le plus probable. Nous sommes à plus d’un an de la présidentielle, et déjà le NPA, le MRC et LO ont présenté leurs candidats. Jean-Luc Mélenchon, lui, a annoncé sa candidature « hors du cadre des partis » et sans aucune concertation avec ses partenaires d’un Front de gauche qu’il déclare « dépassé ». Il a même annoncé que pour les législatives, il présenterait des candidats partout, y compris là où il y a un député Front de gauche ! Tout se passe donc comme si chacun avait intégré la prévision d’un deuxième tour opposant la droite radicalisée et le FN comme une fatalité. Chacun se défend en estimant que l’opposition à Hollande justifie sa candidature. Bien sûr, pour échapper au duel droite-FN, une candidature de gauche en rupture avec les choix du quinquennat est nécessaire. Mais cette condition n’est pas suffisante. Cette candidature doit aussi chercher à s’appuyer sur le socle populaire et politique le plus large possible.

Si nous n’acceptons pas que 2017 conduise notre pays dans une régression sociale et politique durable, ne faut-il pas que le Parti communiste fasse tout ce qu’il peut pour bousculer la donne, en prenant une initiative qui permette de rassembler dans les urnes tout le peuple de gauche, tous ceux qui sont aujourd'hui dans la rue contre la loi travail, avec l'objectif de gagner les élections, présidentielle et législatives ? C’est ce que propose la base commune adoptée par le Conseil national : Construire un nouveau front populaire et citoyen, un large front social et politique qui fasse converger les forces de la gauche et de l’écologie politique, les forces syndicales, le mouvement social, le monde du travail et de la création, pour ouvrir un chemin neuf pour la France, pour écarter le danger de la droite et de l’extrême droite, pour construire une nouvelle majorité . Comment ? D’abord par la politisation dans les mobilisations contre la loi El Khomri, pour l’emploi industriel ou pour les salaires, afin de faire émerger la conscience de nouveaux objectifs politiques partagés.

 

Le pouvoir Hollande-Valls est affaibli. Même si le Président sortant prépare sa candidature, l’idée grandit qu’il est le candidat de l’échec. Les appels à des primaires à gauche ont rouvert le débat, en contestant à Hollande le statut de « candidat naturel ». C’est pourquoi la direction du parti n'a pas fermé cette porte. C’est pour éliminer Hollande que la base commune qu'elle a adoptée propose de construire une primaire résolument citoyenne, bâtie sur un socle d’abord discuté au grand jour dans tout le pays.

C'est là le troisième sujet de débat entre nous. Des camarades expriment leur rejet de cette idée, d'autres leur scepticisme. Il y a notamment la crainte d'une instrumentalisation ou d'une récupération politicienne de la primaire. C'est une vraie question : Ceux qui s’opposent à la loi El Khomri garderont-ils la main ? Comment construire une primaire citoyenne qui s’adresse aux 1,4 million de signataires, aux grévistes et manifestants contre la loi travail, aux millions de déçus de Hollande, à ceux qui refusent les dérives sécuritaires et liberticides des réformes constitutionnelles et du droit pénal, à ceux qui refusent l’austérité pour la France et pour l’Europe ? Ces citoyens, ces salariés, ces jeunes qui aujourd’hui se battent de front contre la politique de Hollande garderont-ils la main en vue des échéances de 2017, ou la lâcheront-ils quand il s’agira de passer aux urnes ? Dans les conditions à bien des égards inédites de cette échéance, la primaire que nous investirions peut-elle leur permettre de choisir, de dire voilà quelle France nous voulons, voilà comment doivent se passer les élections déterminantes de 2017, voilà quel candidat, quelle candidate nous choisissons pour cela ?

Dans les discussions de notre section, des camarades expriment la nécessité de clarifier le périmètre de cette éventuelle primaire, en indiquant quel est selon nous ce socle commun, ce contenu autour duquel le rassemblement que nous visons peut se construire. Il ne s’agit donc pas de ressortir l’ensemble de nos propositions, mais de mettre en avant les axes forts et incontournables d’une politique de gauche, exprimés dans des mots simples et suffisamment synthétiques pour que les gens s’en emparent. Cette idée est partagée par la direction nationale. Une initiative devrait être prise dans ce sens à l’occasion de la réunion du Conseil national du parti qui est prévue dans une semaine.

Car la question de l’alternative ne doit surtout pas rester une affaire d’états-majors. C’est pourquoi le projet de base commune propose d’engager une discussion politique géante avec notre peuple. C’est le sens de la « grande consultation citoyenne » proposée par la direction nationale du parti. Nous savons le rejet de la politique, la rupture démocratique qu’ont entrainés les pratiques de la droite, les reniements de François Hollande et plus généralement les dérives de nos institutions. Nous voulons y répondre avec une consultation populaire permettant d’aller à la rencontre de 500 000 personnes, avec un questionnaire qui sera disponible fin avril. C’est une initiative exigeante qui va nécessiter de grands efforts militants. En ouvrant le débat avec celles et ceux qui se dressent contre la politique de Hollande, en les invitant à prendre la main sur les échéances de 2017, il s'agit de donner au mouvement populaire les clés du changement. A la RATP, nous pourrions nous donner l’objectif de faire remplir 800 questionnaires (soit en moyenne 4 par adhérent, en sachant que plusieurs camarades peuvent toucher beaucoup plus de gens dans leur entourage ou leur attachement).

 

Telles sont les principaux choix sur lesquels les communistes vont devoir se prononcer à l'occasion du congrès, sans oublier qu'il y a aussi à l'ordre du jour deux autres questions sur lesquelles mon rapport d'aujourd'hui a volontairement fait l'impasse, mais qui sont importantes : le projet communiste et les transformations du parti.

Je rappelle le calendrier de préparation de ce Congrès :

  • On connaîtra dans quelques jours la liste des textes alternatifs au projet de base commune adopté par le Conseil National. Il semble qu'il y aura 4 textes en plus de celle-ci, chacun portant évidemment une orientation différente.
  • Les 2-3-4 mai, conformément à nos statuts, nous consulterons chaque adhérent pour choisir entre ces textes celui qui deviendra la base commune qui sera ensuite soumise à discussion et amendements. Dans notre section, compte tenu de la dispersion géographique et des services décalés, nous procèderons comme d'habitude par consultation téléphonique car c'est la méthode, désormais éprouvée, qui permet au maximum de camarades de se prononcer. On profitera de ce contact pour inciter chacun à être présent au congrès de section. Tous les adhérents disponibles pour organiser cette consultation sont les bienvenus.
  • Celui-ci se tiendra le samedi 14 mai au siège national sur la journée. Ce que le Comité de section vous propose quant au déroulé de ce congrès, c'est de consacrer le matin à une discussion générale, puis, après le repas que nous prendrons sur place, d'examiner les amendements, de voter le texte amendé. Ensuite est prévue une présentation du rapport financier. Et enfin, nous procèderons aux différentes élections : élection du nouveau Comité de section avec le secrétaire, de la Commission de Contrôle Financier, de nos délégués au Congrès départemental et des candidats présentés par notre section aux instances départementale et nationale.

 

J’ajoute deux points. D’une part, pour aider à développer la lecture de l’Humanité qui est aujourd’hui en difficultés sérieuses, mais aussi parce que la lecture de notre presse est un investissement politique, nous avons fait une liste d’une centaine d’adhérents qui recevront gratuitement pendant les 15 jours qui précéderont notre Congrès de section l’Huma quotidienne et l’Huma Dimanche. D’autre part, je veux signaler la sortie du livre de notre secrétaire national Pierre Laurent, « 99% » ; nous proposons d’en commander 50 exemplaires payés par la section et qu’on remettra aux participants du Congrès.

 

Je vous propose maintenant d'engager la discussion, en invitant chacun à mêler son appréciation sur les développements du mouvement social et sur les questions qui sont au coeur du Congrès.