Section PCF RATP

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Assemblée du 23 septembre 2016 - Rapport introductif

Cher-e-s camarades,

Je commencerai ce rapport d’actualité par évoquer les questions internationales car elles appellent de notre part des engagements fermes pour un réel changement de logiciel.

Ce sont des atteintes à la démocratie et à la souveraineté des peuples qui ont marqué ces dernières semaines, en Turquie, au Brésil, au Gabon. Notre soutien et notre solidarité avec les démocrates de ces pays doit être sans faille.

Parallèlement, les logiques de guerre se renforcent, notamment en Syrie, avec l'inefficacité des mesures prises par les gouvernements pour régler les confits, régler la question des réfugiés. Elles nourrissent un sentiment de peur et de chaos mondial. C'est à une dangereuse compétition entre différentes puissances engagées dans ce confit à laquelle nous assistons.

Rappelons-nous aussi des discours de cet été de François Hollande et récemment à celui qu’il a fait devant les ambassadeurs, où il répète à l'envi que notre pays fait la guerre à l'extérieur et à l'intérieur, qu'il nous faut nous préparer à la guerre. Disant cela, il veut formater notre peuple à vivre dans la peur. Il a  accepté  toutes  les mesures attentatoires aux libertés, à la démocratie pour mieux poursuivre ses projets.

Dans notre pays, déjà en proie à une profonde crise sociale, politique et démocratique, des meurtres de masse et des assassinats menés au nom du “djihad” ont plongé nos concitoyens dans l’effroi, l’incrédulité, le chagrin et la peur.

Pour combattre ce terrorisme assassin, qui nous tend le piège de la “guerre des civilisations” pour nous y précipiter, il nous faut désormais résister à l'injonction qui voudrait nous interdire de penser et de comprendre les causes et les racines de ces drames.

Nous refusons cette démission justement parce que le défi à relever est immense. Le terrorisme de Daesh et les formes mutantes qu’il endosse en recrutant dans les plaies de notre propre société en crise, nous obligent à penser des réponses nouvelles. Face aux dangers nouveaux qui menacent, il serait fou de défaire les solidarités qui unissent le peuple de France. Ceux qui jouent à cela et qui ont décidé de faire de la logique de peur un instrument de gouvernement font preuve soit d'irresponsabilité, soit de cynisme.

C’est une bataille quotidienne, celle de la pensée contre la peur que nous allons devoir mener avec constance. La manière dont certains maires poussés par Nicolas Sarkozy et soutenus par Manuel Valls ont instrumentalisé le burkini est révélatrice. Car il est clair que ce qui est visé par eux est en réalité une nouvelle offensive de stigmatisation des musulmans de France et rien d’autre. Une offensive qui n’est pas sans effets préoccupants en termes de divisions au sein des couches populaires : ainsi, selon une étude de l’INED de janvier 2016, 70% des immigrés d’Afrique subsaharienne de nationalité française pensent qu’on ne les perçoit pas comme Français ; et 56% de leurs enfants « sont Français, se sentent Français mais ne sont pas perçus comme tels. »

En 2017, le pays aura à faire, sur cette question et sur bien d’autres, des choix de société majeurs pour son avenir.

Nous le sentons bien : dans l’affrontement politique en cours, ce qui se joue, c’est la France et son visage de demain. Rien ne serait plus dramatique que de laisser la droite, l’extrême droite et le gouvernement actuel nous dicter les termes du débat national.

Ce climat peut libérer les discours et les actes racistes comme on le voit avec les positions de Wauquier et consorts. Il faut donc rappeler ici quelques vérités :

  • Le démantèlement du camp de Calais concerne 8000 réfugiés. Au total, la France s’est engagée à accueillir 30000 réfugiés, c’est moins de 1 personne par commune !
  • Les migrations joueront un rôle majeur dans les 20 prochaines années en Europe, en raison des guerres, mais aussi des effets des dérèglements climatiques et de la crise de l’eau. Il faut assumer ce fait et envisager les migrations non comme une plaie, mais comme une opportunité pour le développement humain et économique de notre continent.
  • De tout temps, l’immigration a été une richesse pour la France. Les immigrés rapportent bien plus à notre pays qu’ils ne coûtent. Les études montrent qu’entre ce qu’ils reçoivent au titre des retraites, des aides au logement, du RSA, des allocations chômage et familiales, du remboursement des frais de santé..., et ce qu’ils versent en impôts, CSG et cotisations sociales, le solde est chaque année largement positif pour l’Etat et pour la Sécu. L’immigration est d’ailleurs une réponse au vieillissement de notre population. Et il faut ajouter que les migrants actuels sont pour la plupart des travailleurs de haute qualification ; en effet, les plus pauvres n’émigrent pas car ils n’ont tout simplement pas les moyens de le faire.
  • Enfin, les migrants d’aujourd’hui n’ont pas plus de difficultés à s’insérer dans la société que ceux des générations précédentes. Comme l’a montré l’Huma de ce mardi, leur arrivée permet souvent au contraire à des communes en voie de désertification de retrouver un nouvel élan économique et social.
  • Et puis, il faut remettre les choses à l’endroit. Ce n’est pas l’immigration qui explique le chômage ou prive les gens de place en crèche ou à l’école pour leurs enfants, c’est la politique menée au service du capital. Si Alstom ferme Belfort, c’est parce que ses dirigeants privilégient les profits des actionnaires privés du groupe au détriment de l’investissement en France. Et si les services publics ne sont pas à la hauteur des besoins, c’est parce que les 41 milliards de CICE donnés au MEDEF ont été payés par autant de réduction des budgets publics et des dotations aux collectivités.

Ne soyons pas dupes !

Attention au débat politico-médiatique qui est organisé pour placer la question identitaire au premier plan afin de détourner l'attention, de masquer les échecs des politiques libérales menées ces dernières années et de mieux les poursuivre, alors toutes les enquêtes d'opinion le montrent : les questions sociales restent les principales préoccupations des Français.

En effet, même si Hollande et le gouvernement se veulent rassurants sur l'air "ça va mieux", les faits sont là. L'Insee vient de produire sa note de conjoncture sur le 2e trimestre : la croissance est retombée par rapport au 1er trimestre. Les indicateurs sont dans le rouge : baisse des investissements et baisse de la consommation des ménages. Alors que les entreprises du CAC40 voient leurs profits en hausse de 11 %, on apprend qu’une personne sur deux juge que sa vie quotidienne est menacée par la pauvreté et que le nombre de personnes privées de l'accès aux soins a augmenté.

Après l'adoption de la loi dite "travail", avec à nouveau l'utilisation anti démocratique du 49-3 et sa promulgation par le Conseil constitutionnel, les syndicats n'ont pas baissé la garde, en appelant à la journée d’action du 15 septembre. Cependant, si elle a reçu le soutien de 70% de l’opinion publique, cette longue mobilisation engagée au printemps n’a pas pu stopper la destruction du Code du travail. Le pouvoir est resté droit dans ses bottes, tout en franchissant une nouvelle étape dans la répression des militants syndicaux qui, au-delà des Goodyear, des Air France et de plusieurs autres touche maintenant aussi la RATP.

Est avant tout en cause ici le rapport des forces politiques : tant que n’émergera pas une alternative crédible aux choix libéraux, le patronat et les gouvernements successifs qui le soutiennent pourront continuer à refuser d’entendre la voix des manifestants car leur pouvoir n’est pas menacé. Et les mouvements sociaux en seront d’autant limités dans leur capacité de mobilisation et leur portée.

C’est dans un contexte marqué par l’hégémonie des thèmes de droite extrême et d’extrême droite dans le débat politique que se préparent les échéances de 2017.

Un paysage est en train de se mettre en place et tout est prêt pour imposer aux Français un choix, un débat, un casting, un scénario dont ils ne veulent pas et qui ne fait pas envie comme le montrent les divers sondages et études.

Du côté de la droite, avec la primaire qui va se tenir le 20 novembre, c'est à celui des candidats qui aura le programme le plus libéral, anti social, voire anti républicain  pour  certains,  qu'ils  sont  allés  vendre  à  l'Université  du  Medef  où celui-ci fait monter les enchères, tout en menant une bataille idéologique sur la place de entrepreneuriat dans la République.

Du côté du FN, Marine Le Pen surfe sur le débat ambiant qui légitime toutes ses thèses, et du coup peut se payer le luxe de lisser son discours avec l'objectif de gagner la présidentielle.

Du côté du PS, Hollande continue de s’effondrer dans tous les sondages et le parti est divisé. La primaire en janvier servira à redonner un cadre commun aux socialistes pour passer 2017, que chacun tente d'investir avec différentes  motivations : recomposition, avenir du  PS, avenir personnel. Hamon, Filoche, Lienemann ont déjà annoncé leur candidature, Hollande attend pour le moment décembre pour se déclarer. Montebourg cherche la meilleure tactique pour battre Hollande, et Macron (qui vient de quitter le gouvernement) mène, sans le dire ouvertement, une pré-campagne, soutenu par les milieux financiers et une partie de la droite.

Jean-Luc Mélenchon poursuit de son côté sa campagne, sur la base d’une personnalisation accrue et sans donner aucun signe de construction collective ; sa dernière interview traduit même une nouvelle escalade verbale contre le PCF. Son discours est souvent empreint de populisme. S’il se réclame toujours de notre programme commun « L’Humain d’abord », il semble en avoir abandonné les dispositions les plus révolutionnaires comme celles concernant la lutte contre le pouvoir de la finance ou la sécurité d’emploi et de formation, et ses divergences avec nous sont de plus en plus marquées sur des sujets comme les réfugiés ou l’Europe. Son projet politique pour l’après 2017 n’est pas de reconstruire une perspective à gauche (« rassembler la gauche empêche de fédérer le peuple ! » déclare-t-il ainsi). Il a du reste décrété la mort du Front de gauche, affirme se situer « hors des partis » et annonce des candidatures aux législatives partout, y compris contre des députés communistes sortants.

Dans les autres formations de gauche, à EELV, c'est l'annonce de primaires pour permettre à leur mouvement d'exister,  bien  que  s'exprime  parmi  leurs  militants une envie de faire du commun face à la dispersion des candidatures. À Ensemble !, c'est plutôt le processus de candidature commune qui fait préférence, mais face à l'éparpillement et aux obstacles à franchir, le soutien à Jean-Luc Mélenchon se manifeste de plus en plus, tout en rejetant l'effacement dans son mouvement « La France insoumise ». À cela s'ajoutent d'autres candidatures : NPA, LO, MRC, MP…

Cet éparpillement de toutes les forces de gauche qui s'opposent à la politique du gouvernement fait le jeu de Hollande, de la droite et de l'extrême droite, et ne crée pas de perspective politique pour tous ceux et celles qui veulent tourner la page du pouvoir actuel, qui ne veulent ni du retour de la droite, ni du FN.

La Fête de l'Humanité a été l’occasion pour nous de préciser notre volonté de rassembler autour d’un pacte d’engagements communs et, sur cette base, de candidatures uniques de la vraie gauche, à la présidentielle comme aux législatives qui suivront.

Cependant, le temps passe et les choses n’évoluent pas dans ce sens. Nous n’avons pas réussi à engager réellement la dynamique que nous voulions mettre en route autour de la Consultation populaire lancée fin mai sur le contenu d’un programme de changement. On le voit dans notre section : malgré quelques expériences intéressantes comme à Championnet, à Charlebourg ou sur notre stand à la Fête, nous constatons une faible prise en compte de cette initiative et un trop petit nombre de questionnaires remontés. Au plan national, environ 50000 ont été remplis.

C’est dans ce cadre qu’il va falloir trancher la question de nos choix pour 2017.

Une Conférence nationale du parti se tiendra le 5 novembre et aura pour ordre du jour l'évaluation de la situation politique et sociale du pays, et la désignation du candidat que nous soutiendrons ou présenterons à l’élection présidentielle. La proposition issue de cette Conférence nationale sera ensuite soumise à ratification par un vote national de tous les adhérents.

Il faut aujourd’hui que nous ayons un échange sur les différents scénarios possibles et envisageables concernant le choix de candidature pour la présidentielle : parvenir à une candidature commune de gauche, ou soutenir une candidature déclarée, ou présenter un-e candidat-e communiste.

Et pour bien préparer la Conférence nationale dans notre section, il serait bon de programmer une nouvelle AG fin octobre, par exemple le vendredi 21.

Quelles sont nos priorités dans les semaines à venir ?

Il y aura le samedi 8 octobre ici-même au siège du parti une grande réunion publique consacrée à la restitution des résultats de la Consultation nationale, suivie d’un discours de Pierre Laurent. Nous avons donc encore quelques jours pour proposer le questionnaire et le faire remplir autour de nous. Ce qui est le meilleur moyen de faire connaître notre démarche de rassemblement aux gens de gauche que nous côtoyons, qui sont à juste titre inquiets devant la situation politique et qui cherchent une lueur d’espoir.

On pourrait également décider de mettre en chantier un nouveau « Ca roule » pour début novembre, avec un contenu à définir.

Enfin, il faut qu’on consacre le trimestre à venir à développer l’effort de formation, en priorité pour les nouveaux adhérents de notre section.

Par ailleurs, je vous livre quelques informations et réflexions sur deux points.

  1. Le bilan de la Fête de l’Huma.

Loin du climat détestable dominant, elle a été cette année un moment de respiration, de fraternité pour tous et toutes.

Il faut d’abord féliciter les camarades impliqués dans le montage et la tenue pour la qualité de notre stand qui a été saluée par beaucoup de monde.

Sur la diffusion de la vignette en revanche, nous accusons un recul important par rapport à l’an dernier, avant tout sur les centres bus, où le journal de section a également été très peu diffusé. Il faut donc que l’on voie ensemble les causes de cette situation et les moyens de redresser la barre.

Le repas inaugural et celui des retraités ont été marqués par une bonne participation. Quant au débat du samedi, il a été très intéressant dans son contenu, en mettant en avant comme nous l’avions souhaité les possibilités de convergence et leurs limites actuelles sur les combats qui vont marquer les mois à venir dans le domaine du transport public en Ile-de-France : nouveaux financements, socle social harmonisé par le haut et lutte contre la privatisation des nouvelles dessertes. En revanche, la participation n’a pas été à la hauteur. Là aussi, il faut qu’on en discute pour voir comment on fait pour que davantage de camarades se sentent concernés et mobilisés par les moments politiques qui scandent la vie du stand. La remarque vaut pour le débat, mais aussi pour l’initiative sur la Palestine.

  1. Le groupe de travail régional du Parti sur les questions de mobilité.

Ce groupe (qui est l’émanation du Comité régional du parti) s’est constitué sous l’égide de notre camarade Jacques Baudrier (élu de Paris et membre du CA du STIF). Il a vocation à produire le point de vue du PCF sur toutes les questions de mobilité. 5 camarades de la section y participent : M. Rizzi, B. Hammache, F. Piras, F. Cormier et V. Gautheron.

Le groupe s’est réuni le 31 août. Nous avons fait le point sur l’évolution du rapport des forces politiques au STIF et sur tous les dossiers importants à venir (notamment les enjeux de financement avec les budgets 2017 du STIF, de la RATP et de la SNCF, la mobilisation contre le CDG Express, la sortie du diesel, la généralisation de la concurrence et les problèmes liés, le plan régional vélo).

Le groupe s’est fixé l’objectif de produire un document actualisant les positions du parti et articulé autour de 6 points :

  • Le développement du Service public comme réponse aux besoins de mobilité, avec les financements correspondants ;
  • La poursuite des batailles engagées pour de nouvelles infrastructures de transport collectif ;
  • Le développement massif de la pratique des modes doux (vélo notamment) ;
  • La revitalisation du rail pour le transport des marchandises ;
  • L’abandon du diesel ;
  • Le rééquilibrage économique de la région et la réduction des temps de déplacement domicile-travail.
 

le 25 September 2016